Paroles de la chanson «Petite Sirène» par Tri Yann

Pourquoi tant de haine
pour les petites sirènes ?
J'ai vraiment pas de pot !
On m'accuse de tous les maux
Dans la boue on m'traine,
On me traite de nympho.
Je ne suis pas une chienne,
Qui charme et qui entraîne
Les marins dans ses eaux,
Une vilaine,
qui embobine les matelots,
Mais les mythes sont costauds.

Si Neptune voulait m' donner
Une autre vie,
par égard, par pitié,
Du shampooing pour dessaler
Mes cheveux d'or tout emmêlés !
J'en ai marre de ne manger
Que des ormeaux
tout au long de l'année.
J' rêve de gâteaux,
De foie gras et de grands crus classés.

Dieu que j' me les gèle,
Pauvre Petite Sirène,
Là-bas au fond de l'eau.
J'ai la crève, il fait frigo,
Pire qu'aux Kerguelen.
Je me caille l'abricot !
Dur, en tenue d'Eve,
Je veux une petite laine,
Pour couvrir ma peau ;
Je m' les pèle,
Mi-poisson, mi-humaine,
Des écailles jusqu'aux os.

Si Neptune voulait m' donner
Un p'tit maillot
Pour couvrir mes nénés,
Je pourrais me faire bronzer
Sur des rochers sans me planquer.
Mais Neptune est sans pitié,
Un peu macho,
Voyeur ou abusé ;
Il s'en tamponne
Que ma pudeur soit offensée.

Dieu qu'est-ce-que c'est blême
De n'être qu'une sirène,
Seule au creux des flots.
J'ai la haine, j'en ai plein l' dos,
Y'a que dans mes rêves
Que je croise mon héros,
Comme les terriennes,
Beau comme Johnny Depp
Ou Di Caprio
J'ai pas de veine,
J'ai le blues et j' veux qu'on m'aime !
Les sirènes ont le sang chaud...

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Explications données par le groupe :
Lamento de la femme-poisson universellement décriée depuis l'Odyssée. Si la sirène bretonne est souvent farouche, elle est cependant loin d'être toujours maléfique. On l'appelle ici Mari-vorgan ou Morgane ("née de la mer"), déesse païenne de l'océan pourtant représentée dans la pierre de très nombreuses églises bretonnes, comme à Saint-Urbain, Quimperlé, Saint-Pol-de-Léon, Quimerc'h, Morlaix, Sizun, Batz-sur-mer, Dinan, Pontivy, Landévennec, Quimper et jusque sur un chapiteau de l'ancienne cathédrale de Nantes, conservé au musée Dobrée.