Comme un goĂ©land seul dans la tempĂȘte,
Mon cĆur va contre le vent ;
Nâoun pe drouk enni zo skoet
Je ne sais quel mal lâa frappĂ©
Paâm eus taolet troad amañ.
Lorsque jâai mis le pied ici
Le savais-tu, pauvre Louis-Marie,
En tâengageant pour cinq ans ?
Câest pour noyer malheurs et soucis
Quâun marin chante son chant.
HĂ©-hĂ©-ohâŠ
Jeune apprenti Ă hisser la misaine,
Je nâai que peine et peine encore.
Ma daeroĂč takenn a takenn
Mes larmes goutte Ă goutte
A gouezh goustadik er mor.
Tombent lentement dans la mer
A Brest Ă bord de la Bretagne,
Quâon dit ĂȘtre un bagne flottant,
Il nâest que coups, maladie et drame,
Et mépris du commandant.
HĂ©-hĂ©-ohâŠ
Dites Ă mes sĆurs, dites Ă mes deux frĂšres :
Toujours mon cĆur reste Ă Lavau ;
Ne dites rien Ă mon pĂšre, ma mĂšre,
Sur le sort des matelots.
HĂ©-hĂ©-ohâŠ
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Explications données par le groupe :
Dernier grand vaisseau de ligne en bois lancĂ© en 1855, le trois-mĂąts "la Bretagne" fut rapidement dĂ©passĂ© par les Ă©volutions de la guerre moderne et sa mission la plus mĂ©morable fut dâaccueillir Ă son bord en 1858 NapolĂ©on III, lâImpĂ©ratrice EugĂ©nie et la Reine Victoria en visite officielle. DĂšs 1865, le bĂątiment fut ancrĂ© en rade de Brest pour y devenir le navire-Ă©cole des novices et apprentis marins.
Les journĂ©es y Ă©taient souvent Ă©puisantes. Câest sans doute Ă son bord que fut composĂ©e par lâun de ses pensionnaires la cĂ©lĂšbre complainte "La triste vie du matelot", interdite dans la marine nationale au mĂȘme titre que plus tard "Le dĂ©serteur" de Boris Vian dans lâarmĂ©e française. Louis-Marie Jossic, nĂ© Ă Lavau-sur-Loire en 1859, fit ses classes Ă bord de "la Bretagne" en 1880-1881. EngagĂ© volontaire pour cinq ans, il prĂ©fĂ©ra, au terme de cet engagement, retourner Ă la vie civile comme tailleur de pierre.
Lâair de la chanson est dĂ» Ă Patrick Ewen qui l'avait imaginĂ© pour une complainte de Basse-Bretagne : "Kimiad ar martelod yaouank" (les adieux du jeune marin).
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