Monsieur Cassard a armé,
Tire canonnier, tire la bordée,
Un corsaire en bois doré,
Hardi gabier, hisse les huniers.
Marin paré pour étarquer,
Bords Ă toucher pour appareiller.
Duguay-Trouin a déclaré,
Tire canonnier, tire la bordée,
Que des corsaires câest le premier,
Hardi gabier, hisse les huniers.
Le Roi-Soleil lui a baillé
Une vieille pinasse pour lâĂ©prouver.
Il a si bien su la mener,
Tire canonnier, tire la bordée,
Contre lâAnglais a batailler,
Hardi gabier, hisse les huniers.
A coups doublés de boulets ramés,
Trente frégates il leur a coulé.
Lors alertĂ© quâen MĂ©diterranĂ©e
La flotte anglaise affamait la Provence,
Sans hésiter, sans repos se donner,
Vole au secours de Marseille assiégée.
Croisant au large toutes voiles serrées,
Cassard attire les Anglais Ă distance ;
Les Marseillais enfin ravitaillés,
Câest aux Antilles quâil sâen veut naviguer.
Le Roi-Soleil lui a confié,
Tire canonnier, tire la bordée,
Ses huit vaisseaux les mieux armés,
Hardi gabier, hisse les huniers.
Marin paré pour étarquer,
Bords Ă toucher pour appareiller.
Seul contre tous bravement sans plier,
Les colonies des ennemis de France
Sont assiégées, conquises et libérées,
Sous la mitraille au mépris du danger,
Quatre goélettes ostendaises ont sombré
Au premier bord quâa tirĂ© la Fringante ;
Au second bord quatre encore ont brûlé,
Dix autres ont fui sans reste demander ;
Quinze navires portugais sont coulés,
Vingt démùtés, arraisonnés cinquante,
A lâabordage au sabre et Ă lâĂ©pĂ©e,
Trois jours trois nuits dâun combat acharnĂ©.
En Martinique, en congé bien gagné,
Tout lâĂ©quipage du Capitaine de Nantes,
Et toutes les créoles, dentelles carguées,
Sur le veuzon se sont mis Ă danser.
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Explications données par le groupe :
NĂ© Ă Nantes en 1679, embarquĂ© Ă treize ans, Jacques Cassard sâempare Ă vingt deux ans dâun navire anglais en plein port de Cork. Louis XIV le fait lieutenant de vaisseau. En 1709, il dĂ©gage du blocus anglais les Marseillais qui nâen auront aucune reconnaissance. Son existence aventureuse, Ă pourchasser les ennemis du royaume aux Antilles, dans les colonies anglaises, portugaises ou hollandaises, ne sera souvent payĂ©e que dâingratitude.
De ce corsaire peu Ă lâaise Ă la Cour, Duguay-Trouin y dira : « Messieurs, vous ne le connaissez peut-ĂȘtre pas, mais les Anglais le connaissent bien. Câest Jacques Cassard de Nantes, le plus grand homme de mer que possĂšde la France. »
Petite gloire et grosses dettes, ruinĂ© et exaspĂ©rĂ©, Cassard ira en 1736 rĂ©clamer justice au cardinal de Fleury, "premier" ministre de Louis XV. Insultes (et bousculade ?) seront la rĂ©ponse du marin Ă lâattitude hautaine du diplomate qui le fait interner au fort de Ham. Il y mourra dans lâoubli quatre annĂ©es plus tard.
Lâair est empruntĂ© Ă une chanson Ă hisser.
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