Explications données par le groupe :
En 1870, les mobilisĂ©s des cinq dĂ©partements bretons forment une "ArmĂ©e de Bretagne", au statut Ă©trangement avancĂ©, puisqu'il prĂ©voyait mĂȘme l'Ă©lection des chefs par la base. En fait, le gouvernement spĂ©culait sur ce qu'il appelait "l'esprit de clocher breton" et sur l'ardeur au combat que susciterait pour des combattants peu francisĂ©s le fait de monter au feu tous ensemble groupĂ©s derriĂšre leurs propres drapeaux. Le pouvoir central craignit rapidement de s'ĂȘtre dotĂ© d'une arme Ă double tranchant, et le Comte de KĂ©ratry, mis Ă la tĂȘte de cette armĂ©e, fut soupçonnĂ© d'intentions sĂ©paratistes. Gambetta n'arma jamais les bretons, jugeant plus prudent de les envoyer croupir dans un camp insalubre, prĂšs de Conlie dans la Sarthe. Des centaines de mobilisĂ©s moururent de faim, de froid et de maladie dans ce qu'ils surnommĂšrent "Kerfank", la ville de boue. Les rĂ©clamations incessantes de KĂ©ratry furent le prĂ©texte Ă son remplacement par le gĂ©nĂ©ral De Marivault. Le premier couplet de cette chanson fait allusion Ă la prise de commandement de Marivault : alors qu'il passait en revue des soldats bretonnants criant "d'ar ger, ma gĂ©nĂ©ral, d'ar ger !", il loua leur ardeur Ă vouloir partir Ă la guerre... ignorant qu'en breton d'"ar ger" ne veut pas dire "Ă la guerre", mais "Ă la maison".
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Général, ma Général d'ar ger,
D'ar ger ma Général,
D'ar ger n'eo ket d'ar brezel,
Général, ma Général d'ar ger,
D'ar ger ma Général,
Ma Kaer de Marivault.
En habit et jabyot doré,
Tu nous vois d'en haut,
Vive la Prusse et la France;
Le cul nu, tout dépenaillés,
On te voit d'en bas,
A bas Guillaume et Chanzy.
'Poléon, tu nous avais dit :
- Jamais les Prussiens
Ne verront la capitale.
'Poléon nous en a menti :
Les Prussiens l'ont pris,
Guillaume est devant Paris.
Ventre rond, le gilet brodé,
Tu nous vois d'en haut,
Vive la Prusse et la France ;
Varioleux, le ventre affamé,
On te voit d'en bas,
A bas Guillaume et Chanzy.
Freycinet, tu nous avais dit :
- Oubliez d'ĂȘtre bretons,
Vous servez la RĂ©publique,
Freycinet, tu nous avais dit :
- Oubliez d'ĂȘtre bretons,
Battez-vous pour la Nation.
Bien au chaud, en souliers cirés,
Tu nous vois d'en haut,
Vive la Prusse et la France;
Dans la neige, en sabots crottés,
On te voit d'en bas,
A bas Guillaume et Chanzy.
Keratry tu nous as donné
Des biscuits salés,
De la goutte et des cartouches,
Keratry, tu nous as donné
Des biscuits moisis,
De la goutte et des fusils
Des cartouches qui nous pĂštent au nez,
Des fusils rouillés,
Vive la Prusse et la France;
Les cartouches elles nous pĂštent au nez,
La goutte est mouillée,
A bas Guillaume et Chanzy.
Gambetta nous avait promis
Qu'on serait bientĂŽt
Libérés dans nos campagnes...
Gambetta, tu nous a menti :
Tu nous tiens parqués
Dans la boue devant Conlie.
FĂ©niassant de fauteuils en lits
Tu nous vois d'en bas,
Vive la Prusse et la France;
Gambetta, tu nous a trahis,
On te voit d'en haut,
A bas Guillaume et Chanzy.
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