Je vous ai suivies, longues jambes
De la dame du Luxembourg
Longues jambes de chasse à courre
Jambes nous dormirons ensemble
Petits seins qu’il me faut savoir
Je vous sens battre sous la soie
Comme de petits chats qu’on noie
Petits seins de la dame en noir
Un jour de Pâque au Luxembourg
Devant le buste de Verlaine
A la plus veuve des sirènes
J’ai parlé d’avril et d’amour
Mon Dieu je veux prendre à mon cou
Les jambes de la dame en noir
Notre-Dame de l’encensoir
J’écarte à genoux vos genoux
Dans les allées du Luxembourg
Ses yeux gris ses yeux bleus gris bleu
Ont bien vu que j’aimais ses yeux
De jet d’eau tous leurs alentours
Montent montent les balançoires
Et tombe le fruit défendu
Je suis venu tout près j’ai bu
La bouche de la dame en noir
De la dame du Luxembourg
La bouche disait sous les feuilles
Si tu veux garçon tu me cueilles
J’aime tes mains qui me parcourent
Moi je voulais comme un tiroir
Ouvrir sa jupe au souvenir
Mai je n’ai pu le retenir
Le beau cul de la dame en noir
Il a quitté le Luxembourg
Des Atlantiques le caressent
Et des maitres-nageurs s’empressent
Autour de ce bal de velours
Ah méfiez-vous de l’eau qui dort
Garçon chéri ne va pas boire
Aux lèvres de la dame en noir
Les « Eaux » trop « Fraîches de chez Dior »
Je n’irai plus au Luxembourg
Il faut que je mette un chapeau
L’hiver me rentre dans la peau
Je ne referai plus l'amour
L’amour que nous fîmes ensemble
Est mort de froid face au miroir
Dans les bras de la dame en noir
Entre ses longues longues jambes
Sous les arbres du Luxembourg
Ses longues jambes de Cocagne
M’ont noirci toute la campagne
Dans la fausse joie d’un faux-jour
Sous leurs lunettes de soleil
Les yeux clairs de la dame en noir
Se sont fermés à ma mémoire
Sur la mer coulent mes bouteilles
Saint-Tropez a cuit dans son four
Les pains fantaisie de ses jambes
Nous ne dormirons plus ensemble
La grille grince au Luxembourg
Blond comme sables de la Loire
Son ventre fut mon vin blanc frais
Jamais plus je ne le boirai
Le parfum de la dame en noir.