Fracture part. 2
Ma joie s'est fracturée le crâne avec perte et fracas. La Rue des Drames, et ses façades, n'ont plus un seul secret pour moi. Tracassé, agacé. Le désarroi est déjà là. Tu verras marqué sur une page, en bas, mon nom, Arial taille 3. Des larmes, de mon corps, s'échappent. C'est une course contre la Mort. Un laps de temps m'écarte d'un point de non-retour. Un compte à rebours démarre, il est tard. J'ai hâte de me voir désiré. J'ai mis un terme à ma destinée. J'ai pris rencart avec le ciel, et je suis arrivé en avance. Dans mes entrailles grouille de la peine et dans mes veines coule de l'absence. Mon âme erre dans ces lieux inquiétants. Je ne reste pas amer. Je m'y sens mieux. Et à présent, ce cauchemar est ma délivrance. Est-ce si égoïste de vouloir finir sa vie comme de garder pour soi du pain devenu rance ? Si c'est notre seule pitance, tant pis. J'ai plus souvent eu le besoin de l'absence que l'envie. Je n'ai pas fait pleurer grand monde, je les ai vus de tout là-haut. Ils ne sont pas venus en grand nombre afin d'admirer mon KO. Les prières sont inutiles. Ils ne me feront pas revenir. Je ne me suis pas fait prier ; alors personne ne m'a vu venir. Mes proches me paraissent si lointains, ils désirent une dernière étreinte, maintenant que sonnent les cloches, et que la lumière s'est éteinte. Prenez-vous le temps d'être à l'écoute de ceux qui parlent avec le cœur, ou bien avez-vous juste peur de contempler le temps qui s'écoule ?
Ne soyez pas tristes, c'est juste la fin du film. En marchant sur le fil, je suis tombée dans le vide. Enfin je me sens libre, enfin je me sens vivre. L'ivresse m'enivre, en sortant de ma chrysalide. C'est sans regret, sans prix, que je boucle ma valise. Assurément, la mort est beaucoup plus facile à vivre. Vos critiques incessantes, vos mimiques insolentes, vos sourires qui mentent, vos limites affligeantes, m'ont poussée dans la pente, m'ont forcée à me rendre, me poussant hors du rang, me forçant à me pendre. Ne me laissant aucune chance de renaître de mes cendres, pourchassant mes rancunes, ne reconnais que l'absence. Perdue dans les méandres de votre ignorance, la chute est finie, je suis en phase ascendante. La lutte se précise, la Quête imminente, en me tuant ainsi, je crie vos silences. Éclats de souffrance. Je fais suinter vos vices. Tous se salissent. Je pourris l'ambiance. Une dernière danse qui vous anéantit. Un regard sans malice, vous êtes sur ma liste. Les masques tombent ce froid matin d'hiver. Les astres me rappellent, je quitte cet univers. Désormais affranchie des affres qui m'éviscèrent, émissaire de vos hontes, je pars une balle dans mon hémisphère.
C'est trop calme par ici. Rien ne se dessine. Je rêve d'homicide, de violer ton domicile. Je crie l'invisible, vomis l'indicible. La peine est physique. La fête est finie. Ma raison prend la fuite, et j'efface ton visage. La violence est gratuite, insolente, invivable. L'indolence est criarde, et pollue mes synapses. Les Anges sont inaptes. La Mort m'est vitale. Prisonnier invariable de tes yeux d'opaline, la fatigue me gagne, la colère me câline. La quasi-totalité de mes joies fanent. Le Calice est vide, la soif est bavarde. Ils feignent de comprendre, en viennent à se confondre. Ils disent que les Anges veillent à ce que l'on tombe. Mais ils savent qui a menti. Ils savent qui a bu. Ils savent qui a perdu au jeu des conciliabules. Qui a vendu ce qu'il était. Qui l'a entendu. Qui était la cible sur la Colline des Pendus. Eux courent au cri défendu. Moi je t'aime, depuis le début, et à défaut d'assumer, au moins je sais ce que j'ai perdu. Aujourd'hui, le temps est suspendu. J'ai le regard fixé sur le cadran de la pendule. Le geste est serein, ferme, et détendu. J'ai une balle dans le crâne, mais c'est toi que je tue.