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Paroles officielles de la chanson «Plume (La)» : Bourvil

Auteurs : Bourvil
Chanteurs : Bourvil
Éditeurs : Editions Fortin
Albums :

Paroles officielles de la chanson "Plume (La)"

Je vais vous chanter une rumba et je vais vous la danser ; parce que je n'ai pas l'air comme ça, moi, je suis souple vous savez. Quand je suis déshabillé, tout ça (montrant ses pectoraux) c'est plein !... C'est dodu !... On voit le muscle. D'ailleurs moi... avant je faisais des poses plastiques, j'ai pris trois ans de leçon avec Serge Nifar. Vous le connaissez Serge Nifar ? Hein !... Bon ! Quand vous le verrez, vous lui demanderez : « Est-ce que vous connaissez le danseur Bourvil ? » Ben, il vous dira « Oui ! » Vous voyez bien que je ne vous mens pas !.... C'est une preuve ça !... Puis avec, Serge Nifar vous voyez les poses plastiques ! Vous regardez, hein ?... (Faire quelques poses comiques.) Des poses plastiques, j'en connais beaucoup !... Pensez, j'en faisais mon métier ! Alors ! Puis Serge Nifar, c'est un type qui voyait clair ! Il avait bien vu que j'avais des facilités, alors il m'avait dit : « On vous poussera un peu et vous me remplacerez à l'Opéra ! » Alors je l'ai doublé à l'Opéra pendant trois ans, mais je n'ai pas eu de chance parce qu'il n'a jamais été malade ! Alors !... Sans ça, je l'aurais fait, vous savez !... D'ailleurs Serge Nifar me l'avait dit ; il m'avait dit : « Votre souplesse vous le permettrait ». Alors !... Pensez bien si j'étais content, moi. Après ça j'ai eu un contrat au Grand Casino de Paris, mais là c'était pas la même chose... du tout !... Mais ce qu'il y a, il fallait être souple ! Ah oui !... D'ailleurs, le directeur me l'avait dit, sans savoir à qui « qui » causait, il m'avait dit : « I’ faut être souple » Alors moi, vous pensez bien que là-dessus je craignais rien ! Hein ! Dites !... Vous me connaissez, hein ?... Dites !… Pas besoin de certificat, moi !... J'ai fait mes preuves !... Pensez bien, moi qui avais pris des leçons avec Serge Nifar, vous devez bien penser que je rigolais. Enfin, c'est ce qui prouve qu'on ne sait pas toujours à qui « qu'on » cause.
Le fait est qu'il fallait être souple parce que j'étais engagé pour faire l'oiseau rare ; j'étais nu, pas nu, nu, mais un petit nu, puis on m'avait mis une plume dans le... comme gouvernail, et je partais comme ça : vous regardez, hein ?... (Quelques pas en danseuse.)
Il fallait que je sois léger, aérien, alors j'étais dans mon élément. Puis nous voilà au premier jour du contrat et, comme je ne suis pas bien habitué au music-hall - c'est surtout le classique, n'est-ce pas, il s'est passé une histoire bête... vraiment bête, parce que au moment de m'habiller je me suis trompé ! C'est bête, hein !... Au lieu de me mettre la plume comme gouvernail, je me la suis mise dans les cheveux, c'est bête, hein !... C'est d'autant plus bête que vous devez bien penser que c'était pas la première fois que je voyais un oiseau !... Hein !... Enfin !... Je me suis mis à danser comme ça, mais le directeur qui était dans les coulisses s’en est aperçu, alors il m'a crié : « La plume !... La plume !... » et moi, comble de malheur, je ne comprenais pas, c'est bête, hein !... Vraiment je n'étais pas « subtil » ce jour-là ; même à un moment j'ai cru qu'il voulait que je chante : alors, comme je connais tous mes classiques, je me suis mis à chanter « Comme la plume au vent...» (Rigolletto). J'ai continué jusqu'au bout comme ça, mais en arrivant dans les coulisses vous parlez d'une comédie !... Le directeur était en colère !... Vous parlez !... Mais quand même j'ai ri, parce qu'il est tellement grossier et vulgaire que, franchement, j'ai ri... vous savez... parce qu'il s'est approché tout près de moi et, tout grossier comme il est, il m'a dit : « C'est pas la plume au vent que je veux !... C'est la plume au c... »