1.
Depuis que t’es entret’nue
Par un député,
Frangin’, tu sais qu’ai d’la t’nue
Et d’la dignité ;
Mais paraît qu’un’ loi cruelle
Qu’on vot’ra bientôt
M’enverrait à la Nouvelle ;
C’est pas rigolo !
2.
Dis à ton parlementaire
De parler pour nous
Et d’plaider d’vant l’ministère
Pour les pauv's marlous.
Tu sais que l’poisson à patte
N’aim' pas beaucoup l’eau ;
J’ai l’estomac délicate ;
C'est pas rigolo !
3.
Quand ces ventrus d’la haut' classe
Me trait'nt de feignant ;
J’voudrais les voir à ma place
Dans l'corps enseignant
S'en aller à l’amour comme
D’aut's à leur bureau,
Ça vous démolit un homme ;
C'est pas rigolo !
4.
Celui qui pai' parle en maître.
Nous, faut nous cacher,
Il faut attend' sous la f'nêtre
Qu'il nous laiss' coucher.
Boulotter comme un esclave
C'qu'il laiss' de fricot,
Et boir' dans l’verre où qu'il bave,
C'est pas rigolo !
5.
J'ai bien fait l’rêve éphémère
D’un'femm’ n'aimant qu'moi,
D un goss' n'ayant qu'moi pour père,
Et fait s' lon la Loi ;
J'aurais pris une ouvrière
Au front pur et beau ...
Mais crever tous deux d’misère
C est pas rigolo !
6.
Et puis quoi, fallait que j’vive.
On vit comme on peut ;
Y a pas que l’marlou qu'arrive
Par les femm’s, morbleu !
Si not' mère avait, sagace,
Pris un proprio,
J'frais p't’êt' les lois à leur place...
C'est pas rigolo !
7.
Dis tout ça, frangin' que j'aime ;
Mets-y d'la chaleur ;
J'aurais voulu dir’ moi - même,
Mais j'ai du malheur ;
Dans un lit où je m' bassine,
J'suis pour un bobo,
Depuis six mois à Lourcine
C’est pas rigolo !