1.
Mon chat, j’t’écris d’chez mon parrain
Où j’fais un’ balle !
Je m’amus’ comm un’ croût’ de pain
Derrière un’ malle ;
Me v’là pour deux mois dans trou
D’la Bass’ Bretagne,
Et c’est pas gai, pas gai du tout
A la campagne !
2.
Le soir, au lieu des cris joyeux
De la bamboche,
On n’entend monter sous les cieux
Que l’son d’la cloche.
Si j’entends plus les r’frains d’ Paulus.
Crois pas qu’ j’y gagne :
J’entends les Vêpres et l’Angélus
A la campagne.
3.
Comm' distraction, j'ai cherché,
Je n'vois que l’prêche,
Car, tu sais, quoiqu' j'aim’ le péché,
J'aim' pas la pêche.
Au café, on parl' de l'impôt,
Des blés d'All'magne ;
On n'en parl’ mêm' pas en argot
A la campagne.
4.
C'que j'admir' par exemple, c'est
L'corsag' des filles
Qui soutient, ferme et sans corset,
L'assaut des drilles ;
En contemplant les appas sains
De ces compagnes,
J’comprends qu’on croie encore aux saints
Dans nos campagnes.
5.
Mais n'envi' pas ces fill's : ell's ont
Des jeux d'génisses ;
Leurs mains larges et rouges sont
Patt's d'écrevisses ;
Leur parfum n'a rien d'la douceur
D'la peau d'Espagne ;
Ça sent l'purin, ça sent la sueur,
A la campagne.
6.
Dir' que toi, pendant que j'gémis,
Tu m'tromp's peut - être ?
Tâch’ que ce soit un d'mes amis,
J'aim' mieux 1'connaître.
Moi j'reste sage, sort cruel
Et dont je bisque,
Et je m'port' comm' la tour Eiffel
Ou l’'Obélisque.