ETRE CURE A LA CAMPAGNE
Le jardin du presbytère
Tout plein de rosiers
Qui sentirais bon la terre
Et l’herbe mouillée
Après mon premier bréviaire
Mon premier café
Une bonne pipe en terre
Et je m’en irai
Promenade quotidienne
A travers les près
Car il a de la bedaine
Monsieur le curé
J’ai choisi mon vin de messe
C’est le muscadet
Qui tient toujours ses promesses
Quand il est bien frais
Avec ma brave Honorine
Je serai comblé
Elle connaît de la cuisine
Les plus beaux secrets
Les lapins en gibelotte
Au Pouilly-Fuissé
Je les entends qui mijotent
Dans la cheminée
Une vieille fille à rhumatismes
Qui m’aimerait bien
Viendrait faire le catéchisme
Aux petits gamins
J’aurai mes quelques parlotes
Qui seraient l’amour
Et puis quelques jeunes filles
Au confessionnal
Quand vient l’heure où leurs yeux brillent
D’un étrange mal
Et la vie passe si douce
Qu’on ne la voit pas
Les gens meurent, les enfants poussent
Je suis toujours là
Les petits je les baptise
Je marie les grands
Je bénis dans mon église
Tous les grands partants
Je suis vieux comme le monde
Je suis fatigué
J’ai l’humeur bien vagabonde
Pour un vieux Curé
Et voici ma dernière heure
J’ai mon crucifix
J’écoute les gens qui pleurent
Au pied de mon lit
Mais déjà tout le village
Prépare le linceul
Et pour mon dernier voyage
Je ne suis pas seul
Aux visages qui se penchent
Je dis malgré moi
Excusez-moi pour dimanche
Je ne suis pas là.