Il était couvert de dettes
De la tête aux pieds
Chez lui venaient faire la quête
Tous ses créanciers.
Et pour fuir ces personnages
Qui le torturaient
Un jour sans faire de tapage
Il partit pour la forêt
Au pied d'un arbre il s'endormit
Et pendant qu'il rêvait
Un oiseau tout en haut de lui
Sur une branche lui chantait :
Refrain
Paye tes dettes, paye tes dettes une, deux
Paye tes dettes, paye tes dettes mon vieux
Paye tes dettes, paye tes dettes
C'est mieux
Ou sans ça
Ça n'ira pas.
Il se dit dans son sommeil
C'est la voix d'ma conscience
Qui m'poursuit, qui me surveille
Je vais à mon réveil
Rembourser tous ces amis
Qui m'ont fait confiance
Non plus jamais je me l'dis
Je n'veux de crédit
Paye tes dettes, paye tes dettes disait
Paye tes dettes, paye tes dettes l'oiseau
Paye tes dettes, paye tes dettes
Allez !
Il y fut, fut tout de go.
2
Quel souv'nir quelle belle journée
Quand il régla tout (tout !)
C'qu'il devait d'puis des années
Jusqu'au dernier sou
Il s'défit même de sa ch'mise
On peut s'passer d'ça !…
Dans les bois soufflait la brise
Tout joyeux il y r'tourna
Sous le même arbre il s'étendit
Alors le même oiseau
Vint s'poser là tout près de lui
En répétant d'un air idiot :
Refrain
Paye tes dettes, paye tes dettes une, deux
Paye tes dettes, paye tes dettes mon vieux
Paye tes dettes, paye tes dettes
C'est mieux
Ou sans ça
Ça n'ira pas.
Dans l'instant même il comprit
Que la voix d'sa conscience
N'était autre qu'un volatile
Absurde et obstiné
Qui répétait le même cri
Depuis sa naissance
Sans savoir ce qu'il disait
Quelle destinée
Paye tes dettes, paye tes dettes disait
Paye tes dettes, paye tes dettes l'oiseau
Paye tes dettes, paye tes dettes
Assez !
Ou je vais te fracasser.
Parlé
Et c'est ce qu'il fit,
À l'oiseau, le cou il tordit
Et le lendemain dans tous les magasins
Et auprès de tous ses copains…
Il fit des dettes, fit des dettes une, deux
Il fit des dettes
Ah !
C'est mieux
Puis un soir devenu vieux
Très vieux
Il mourut
Couvert de dettes.