C’était un jeune homm’ très bien,
D’l’amour il n’connaissait rien,
Pourtant, c’soir-là son p’tit cœur,
Brûlait d’une étrange ardeur ;
Il r’luquait depuis quequ’temps,
D’un’ blond’ les appas tentants,
Lorsque soudain l’œil plein d’flamme
Il abord’ la gross’ dame :
R : Excusez mon embarras
Lui dit-il, mais mon trouble est extrême,
Laissez-moi vous l’dir’ tout bas,
Mad’moisell’ je sens que j’vous aime !
D’puis une heur’ je suis vos pas,
L’œil fixé sur votre croupe ronde ;
Et je sens que j’irais comm’ ça
Au bout du monde.
Oh! bout du mond', c'est bien loin,
Répondit-ell', mon p'tit chien,
II s'rait bien plus simpl' d'aller
Tout d'suite à l'hôtel meublé.
Hélas! le pauvre moutard
Etait à pein' dans l'plumard
Qu'il perdait, ça c'est pas d’chance,
Toute son éloquence.
R : Excusez mon embarras
Dit l’ pauvret, mais mon trouble est extrême
Je sens bien qu'je n'saurai pas
Vous prouver combien je vous aime.
Vous m'voyez désespéré
M'faudra-t'il retourner chez ma mère,
Sans avoir pu pénétrer
L'troublant mystère.
La dam' vous l'pensez, parbleu,
N'fut pas en pein' pour si peu :
Ell' savait de bons moyens
D'lui fair' retrouver les siens !
Et même elle fit si bien,
Que jusqu'au lend'main matin,
Rien n'arrêta du beau diable
La verve intarissable.
R : Excusez mon embarras
Disait-il mon bonheur est extrême
Je crois qu' j'n'en finirais pas
D'vous prouver combien je vous aime.
J'vous l'ai dit plus de dix fois.
Quel dommag' que vienn' déjà l'aurore ;
J'aurais pu vous l’dir' je crois,
Dix fois encore!…
Mais la gross' dam’ lui répond :
T’en a assez, mon mignon.
D’nos efforts i' n'sort plus rien ;
N'te la foul' pas mon p'tit chien.
Puis, elle ajout' : Ah! chéri,
Tu peux m'abouler un louis,
J'pens' que pour un' femm' rond'lette
T'en as pour ta galette.
R : Excusez mon embarras,
Fait l'jeune homm' ma surprise est extrême,
Car, sans chiner vos appas,
Je les trouv' un peu larg's tout d'même.
Il en tiendrait quatr' comm’ moi
Dans vos bras sans qu'ça vous embarrasse
V'là les cent sous que j'vous dois
J'paye quart de place.