Celle qui m’a pris tout entier
Celle pour qui mon cœur altier
Bat dans ma farouche poitrine
Est si preneuse voyez-vous
Que nos gâs la chérissent tous :
C’est la grande Câline !
Lorsque je la quitte, parfois,
Je pleure quand je la revois
Du haut de l'agreste colline ;
Et, dans l'ivresse du retour,
J'envoie un long baiser d'amour
A la grande Câline.
Elle a des yeux troublants et fiers
Quelquefois bleus, quelquefois verts,
Plus souvent couleur opaline :
Combien de gâs insoucieux
Se sont damnés pour les beaux yeux
De la grande Câline !
Quand elle chante à sa façon
L'Homme, saisi d'un grand frisson,
N'entend plus que sa voix divine :
Combien de nos jeunes garçons
Sont morts d'écouter les chansons
De la grande Câline !
Dans sa robe couleur d'azur
Elle vient à vous d'un pas sûr,
Malgré son allure féline ;
On veut fuir... on ne le peut pas...
Et l'on tend, malgré soi, les bras
A la grande Câline
Elle vous berce doucement
Comme autrefois votre maman
Dans vos berceaux de mousseline ;
Et, raidis d'extase, l'on meurt...
Heureux de mourir sur le cœur
De la grande Câline !...
Et des amants elle en aura
Tant qu'aux Bretons elle tendra
Sa bouche à la saveur saline,
Car, dans ton lit de goëmons,
O MER ! ! ! c'est Toi que nous aimons,
Toi, la grande Câline !...