L'enfant, comme un petit oiseau,
Gazouille en son lit blanc et rose
La mère à côté du berceau,
Attend que son bébé repose
Gracieuse et tendre, sa voix
Fredonne une ancienne romance,
Une complainte d'autrefois,
Que, sans cesse elle recommence
R. Alors, faisant des rêves d'or
Pleins de merveilles, de chimères,
Dans ses langes, bébé s'endort :
Les enfants font chanter les mères.
L'enfant a dix ans aujourd'hui ;
C'est une petite personne,
Et, chez sa mère, grâce à lui
Tout chante, tout rit, tout rayonne
Il rend moins sombre l'horizon
De la vieillesse monotone
C'est le soleil de la maison
Et le printemps de notre automne
R. Il converse avec ses joujoux,
Demande si les petits frères
Viennent au monde sous les choux :
Les enfants font rire les mères.
L'enfant vient de partir soldat.
La patrie, au lointain l'appelle,
En France, d'un sanglant combat,
Tout à coup, survient la nouvelle.
La mère, hélas ! se sent mourir
Chaque fois qu'une lettre arrive.
Tremblante, sans oser l'ouvrir,
Elle regarde la missive.
R. Au cœur, un doute affreux la mord :
Que vont dire ces lettres chères ?…
Est-ce la vie ?… Est-ce la mort ?…
Les enfants font trembler les mères.
L'enfant vient de se marier ;
La mère se change en aïeule ;
Ce coup cruel, c'est le dernier.
Au logis elle rentre seule.
Elle le voudrait, son petit !
Hélas ! la jeunesse a des ailes !
L'enfant, pour toujours, est parti,
Parti pour des amours nouvelles !
Elle rentre, l'œil attristé,
Et versant des larmes amères,
Dans le pauvre nid déserté.
Les enfants font pleurer les mères.