On me déclare sans domicile
Fixe-moi qui dort au même endroit
Dans un carton marqué fragile
À deux étages haut et bas
La nuit partout est aussi noire
Voir du pays, non, merci bien
Gardarem, mon coin de trottoir
Des motos, des flics et des chiens
Sur mon carton j'dors que d'un œil
Vue imprenable sur les cons
Je compose un délicat recueil
Culottes dentelle et bas nylon
J'garde toujours une main dans la poche
Pour mettre en branle une émotion
Vu d'en bas on n'voit pas d'moche
Hormis les cloches en pantalon
J'vous interdit de m'interdire
Moi, mort de froid, j'suis mort de rire
Quand on est rien on craint pas l'pire
On ne meurt jamais que d'mourir
J'vous interdit de m'interdire
Je suis mon propre collectif
Laissez-moi vivre ou mourir
Avec ma bite et mon canif
Ce que j'fais de votre aumône
Je n'ai pas besoin qu'on me guide
Piquettes ou hospices de Beaune
Je paie mes fractures en liquide
Entendez tout à liquider
À petits feux, à l'intérieur
Y'aura bientôt plus à brûler
Qu'un trou noir à la place du cœur
J'vous interdit de m'interdire
Moi, mort de froid, j'suis mort de rire
Quand on est rien on craint pas l'pire
On ne meurt jamais que d'mourir
J'vous interdit de m'interdire
Je suis mon propre collectif
Laissez-moi vivre ou mourir
Avec ma bite et mon canif
Faire banquette sur ma banquise
À regarder passer les exquises marquises
Qui se déguisent et s'offrent à moi
En guise de rachat
D'un vulgaire euro ou d'un crachat
D'un vulgaire euro et d'un crachat