JAN LE MARIN
Dans ce troquet à matelots
Abandonné comme une épave
A l’arrière port du port du Havre
Où l’on radoube les cargos
Les yeux noyés dans sa chopine
Couleur de ciel, voilé de brume
Les cheveux blancs comme l’écume
Sous sa casquette de marine
Jan le marin rêve tout haut
Raconte son dernier voyage
Entre Madras et Bornéo
Et le typhon qui faisait rage…
Dans se troquet à matelots
Où les marins ne viennent plus
Jan le marin rêve tout haut
Et moi qu’il n’a même pas vue
Ici dans cette arrière salle
Au fond de cet arrière port
Je l’entends me parler encore
De des voyages, de ses escales
Jan le marin rêve tout haut
Il sent à travers les rues chaudes
D’un port de Chine ou de Frisco
Cette odeur de vice et de fraude
Dans ce troquet à matelots
Qui sera sa dernière escale
Jan le marin rêve tout haut
Les yeux noyés dans les étoiles
Mais tandis qu’il parle et reparle.
De son dernier voyage, moi
Dans ce décor sinistre et sale
Je pense à nous je pense à toi
Jan le marin parle de moi
Je pense à tout ce qu’il faut faire
Un jour pour la dernière fois
Et qu’il faut bien laisser derrière
Au dernier verre qu’on prend ensemble
A ton départ, à ce matin
A ma vie qui déjà ressemble
A l’histoire de JAN LE MARIN