J’AI VU CETTE TETE LA QUELQUE PART
Quand on voit beaucoup de monde
Femmes brunes et blondes
Hommes roux et châtains
On s’embrouille, on perd son latin
Quand j’étais militaire
Je me souviens d’une affaire
J’arrive en permission
A la gare de Lyon
Je vois un vieux monsieur
Je me dis « ça c’est curieux »
J’ai déjà vu cette tête là quelque part
Mais-z-où ?
Mais-z-où ?
Et dans quelles circonstances
J’ai déjà vu cette tête là quelque part
Mais-z-où ?
Mais-z-où ?
C’était pas dans cette gare ?
Le vieux monsieur m’embrasse et me dit
« Comment vas-tu ? »
C’était mon père !
Mon père que j’avais pas reconnu
Être distrait à ce point-là, c’est toquard
J’avais bien vu cette tête là quelque part
Nager à la piscine
Ça, c’est ma joie divine
Un jour à Molitor
Je me livrais à ce beau sport
Or, en plongeant dans l’onde
J’aperçois une blonde
Qui craque au bon endroit
Son maillot devant moi
Je la poursuis dans l’eau
En détaillant le tableau
J’ai déjà vu cette tête là quelque part
Mais-z-où ?
Mais-z-où ?
Et dans quelles circonstances
J’ai déjà vu cette tête là quelque part
Mais-z-où ?
Mais-z-où ?
A la chasse aux canards ?
Je constatais alors en ouvrant mieux les yeux
Que ma blonde était brune, brune comme y en a pas deux
Je me dis « j’y suis … c’est la femme à Édouard
J’avais tout vu, tout vu la veille au soir
Je suis d’une nature distraite
Ça me joue des tours bébêtes
Je me rasais l’autre jour
Mes pensées faisaient mille tours
Soudain je vois dans ma glace
Un type faire des grimaces
Je lui lance un sale regard
Y me roule un œil hagard
Je m’arrête saisi,
Je le fixe… Y me fixe aussi…
J’ai déjà vu cette tête là quelque part
Mais-z-où ?
Mais-z-où ?
Et dans quelles circonstances
J’ai déjà vu cette affreuse tête de lard
Mais-z-où ?
Mais-z-où ?
Je l’ai vue dans un cauchemar
J’allais l’assommer quand ma femme me dit « Pancrace »
Fait pas l’idiot … c’est toi que tu vois… t’es devant ta glace
Et j’ai compris alors, mais un peu tard
Ce qu’il y a là dedans… j’ai des mouches dans le placard.