ELLE VENDAIT DES BILLETS
Rue Saint Hippolyte
Dans un’ petit’ guérite
Ell’ trônait bien en vu’
Sous son p’tit toit pointu,
Elle avait un sourire
A fair’ damner un saint
Moi je n’osais rien dire
Mais je r’gardais les siens
Elle vendait
Des billets
De loterie
Dans son kiosque aux trois couleurs
Elle avait charmé mon cœur
S’adressant aux passants
De sa voix jolie
Ell’ disait d’un air gracieux :
« Tentez votre chanc’ Monsieur,
C’est aujourd’hui Vendredi treize
Vous pouvez gagner le million »
Alors moi ne vous en déplaise
J’ai profité de l’occasion
Ell’ vendait des billets
De la loterie
J’avais mes yeux dans ses yeux
J‘étais l’homm’ le plus heureux
Rue Saint Hippolyte
Je r’vins d’vant sa guérite,
Comme elle souriait
J’achetais un billet
Puis j’en pris un deuxième
Sa main frôlant ma main
J’en choisis un troisième
Puis dix, puis quinz’, puis vingt
Elle vendait
Des billets
De loterie
Dans son kiosque aux trois couleurs
Elle avait charmé mon cœur
Je r’venais
J’y laissais
Mes économies
S’il l’avait fallu en bloc
J’aurais mêm’ pris tout son stock
Monsieur vous voulez me dit-elle
Gagnez le million, quel bonheur
Non lui dis-je mademoiselle
C’que j’veux gagner, c’est votre cœur
C’est le lot
Le plus beau
De la loterie
Baissant les yeux ell’ rougit
J’ai vu qu’elle avait compris
Rue Saint Hippolyte
Un beau matin la p’tite
M’dit soyez content
Vous gagnez cent mill’ francs
Avec une joie immense
J’lui répondit soudain
Pour compléter ma chance
Accordez-moi votr’ main
Ell’ vendait
Des billets
De la loterie
Sur la p’tit’ guérit’ bientôt
On lisait un écriteau
Aujourd’hui
Vendredi
L’employée se marie
À la mairie à coté,
Venez la féliciter
Et depuis notre mariage
Nous vivons des instants charmants
C’est le vrai bonheur sans nuages
Et je lui dis en l’embrassant
Mon amour
Quels beaux jours
Grâce à la loterie
Dans l’mariag’ je l’crie bien haut
C’est moi qui ai gagné l’gros lot