Sois sage ô ma terreur et tiens toi plus tranquille
Je crains que ma blancheur détonne dans la ville...
Chanter dans l'noir pour ne pas avoir peur
Cruel dilemme pour un homme de couleur
Dans tes rues, Harlem, j'entends des sirènes de police
Je préfère tes sirènes, celles qui ont la peau lisse
Harlem, Harlem, j'ai peur
J'ai peur Harlem au milieu de ta nuit
Je sens l'haleine d'un couteau qui me suit
Quand je me retourne
Des millions d'étoiles devant moi
Ruissellent sur tes toits de neiges et de suies
Harlem chéri
Toi la crèche où le petit crépu est né
Toi la dèche mille fois surmontée
Par un swing de velours dans un tempo d'acier
Harlem pacifié... pas trop s'y fier
Tiens, v'là Mingus, j'croyais qu'il était mort
L'olibrius a toujours du ressort
Devant moi il passe
À moitié radeau de la Rascasse, à moitié porte avions
Hérissé de rayons, cactus Mingus
Un vent glacial fait du base ball avec un journal
Un génie crève, mais voici le plus beau :
Le tambour de son cœur fait craquer son tombeau
J'ai froid, j'ai chaud, Harlem
Chanter dans l'noir pour ne pas avoir peur
Unique espoir pour un homme de couleur
Soudain le miracle
Alors que je n'ai bu que de l'eau
J'aperçois Apollon qui sort de l'Apollo
Harlem
De neige
Et d'suie
Harlem j'te suis