Il a les doigts de pied en éventail
L'môm' Gaétan n'est pas un fier à bras,
Il est d'Grenell'près d'l'av'nue d'l'Opéra,
Son pèr' jadis était à l'Odéon,
Pas comme artist', mais comm' marchand d'marrons.
Sa mèr' Julie, travaillait comme un ch'val
A fair' des trous dans l'fromag' d' Emmenthal,
Et son p tit' frèr' n'était pas si p'tit qu'ça,
Un mètr'dix-huit, avec des talons plats !
Dans le quartier tous les gens
Disaient en r'gardant Gaétan.
REFRAIN
Il a les doigts de pied en éventail,
Il n'est pas beau, mais ça, c'est un détail,
Quand il s'promène il a les g'noux qui glissent,
Le foie qui chasse et les dents qui s'dévissent.
Avec tout ça, il a l'nez mou, tout mou,
Ses deux beaux yeux qui n'sont pas d'vant les trous,
Et quand il dort, il dit "j'ai du tra-vail"
Il a les doigts de pied en éventail.
2.
Sur l'orthographe il n'est pas merveilleux,
Il écrit femm' F, A, FA, M, E, ME,
Il n'est pas snob, mais est très élégant,
En fait d' chemis' il met du papier blanc.
Il port' toujours des godass's à boutons,
En quatr' couleurs, vert, bleu, rouge et marron,
Et pour tenir son pantalon cintré
Il met un bout d' fil de fer barbelé.
Avec son bloum en arrière,
Il est plus chic que de Fouquières.
Refrain
Il a les doigts de pied en éventail,
Il n'est pas beau, mais ça c'est un détail,
Il a l'gosier qui pliss', la voix charmeuse,
Quant il chante on dirait un' mitrailleuse,
Il a horreur des jeun's gens à façon,
A la belott' il joue comme un champion,
En f'sant des noeuds aux poils de son poitrail,
Il a les doigts de pied en éventail.
3.
Mais en amour, c'est le roi du bécot,
Du tourbillon et du frisson dans l' dos,
Avec un' bise, un' seul' sur l' nerf facial,
Les femm's pamées, finiss'nt à l'hôpital.
Une étrangèr' voulut l' prendr' comme amant,
Caltez volaill' que lui dit Gaétan,
Tir' toi totot', toi, tu tricott's du toit,
Mimi c'est marr', moi, mon corps est à moi.
Y'a qu' les Français's pour aimer
Viv' la Franc' tu peux t' débiner.
Refrain
Il a les doigts de pied en éventail,
Il n'est pas beau, mais ça c'est un détail,
Les femm's l'appell'nt mon bourreau, ma ventouse,
Il lui en faut chaque nuit treiz' pour douze.
Pour se remettr' quand il est fatigué,
Il mang' du tigre ou d' la panthèr' mouch'té,
Et comm' cachou, il grignotte un' gouss' d'ail,
Il a les doigts de pied en éventail.