La marchand' de tabac était intellectuelle
Ell' m'avait remarqué, parmi tous ces voyous
Qui fumaient et crachaient avec des rir's de loups,
Aimant mon front sérieux, ma chevelur' rebelle.
Le lisais du Verlaine avec ostension
Lui causait de Ducas, Rimbaud et Baudelaire
Elle, buvait l'anis de mes divagations
Femme tronc, enivrée, des alcools littéraires.
Que de joies échangées, regards aux muets serments
Chastes rapports qu'à peine troublaient les clients
De leur achats odieux de drogue tabagique
Au milieu des fumées, sans mots nous étions amants
Je fis à l'encre rouge des vers agonisants
Dans l'odeur des étoil's piquées au ciel de guerre,
Je ferai à la lune inventer des romans,
A chaque arbre je mourais de passions buissonnières
Comme on meurt à l'arrière
A l'âge de seize ans.