Il y a dans la cité sans nom
Des immeubles, des blocs
Où l’on met tout l’monde en stock
Il y a dans la cité sans nom
Odeurs de poubelles brûlées
Mais aussi, histoires d’amour sucrées - salées
Mélange de pics, d’angles, de courbes,
De rondeurs à toute heure
Mélange de crises, de casses, de rires,
De bonheur ou de peur
Il y a dans la cité sans nom
Des réunions de femmes qui parlent
De leurs joies ou de leurs drames
Il y a dans la cité sans nom
M. Gonzalès qui regarde les africaines
Et surtout leurs fesses
Omar, le jeune Malien, bosse au Mac Do du coin
Il démarre la fac depuis l’année dernière,
C’est rare ici , sa mère elle est très fière
À peine à quelques encablures…
Le centre ville et ses belles devantures
Alléchant avec les soldes en pâture
Mais pas pour ceux qui se serrent la ceinture
Il y a dans la cité sans nom
Farida, qui parfois va retirer son voile,
Seule, sur le toit
Il y a dans la cité sans nom
À l’inverse, au sous-sol,
Des histoires glauques qui tournent, parfois,
De la gaudriole au viol
Mais, il y a aussi la fête chez Madame Bomla
Où tout le monde se marre,
Même la concierge qui, d’habitude, aboie
Juste un peu de confettis dans ce marasme
Quelques bolées d’air entre deux spasmes
Par terre, des seringues et des mouchoirs usagés
Mais il reste encore tant de dignité
Il y a dans la cité sans nom
Le petit Kevin qui tire la langue
A la fenêtre de lacuisine
Les portes d’en bas en sont au plus bas
Et les boîtes aux lettres ont du mal à s’en remettre