Oh Madeleine, ma chère tante Madeleine.
Où sont passés tes quatre-quarts, tes Kouign-amanns ?
Dans ta maison basse, aux parfums de l'hiver,
Brûlantes soupes, fumantes tasses.
Tu dis, on se lave les mains alors dans la salle de bain,
On se fait de terribles grimaces.
Les joues rosies par le chaud du poêle, saoulés des vapeurs de fioul.
On attend que les grands soient saouls, qu'ils empruntent des sous,
On attend on attend
Ça risque de prendre du temps, faut les saouler ces grandes carcasses,
Qui trouvent les gauloises « pas dégueulasses ».
Ça risque de prendre du temps, faut les remplir ces grosses vessies,
Lanternes mortes de la nuit.
Oh Madeleine, ma chère tante Madeleine
Tes bigoudis, c'est des fleurs de printemps, bouées d'hortensias
Clochettes des champs,
Un bouquet de jeunes impatients.
Oh Madeleine, ma chère tante Madeleine.
Tes bigoudis, c'est des fleurs de printemps ; brassées de violettes,
Un oeillet de Kervihan,
Un bouquet de jeunes impatients.