Toujours à la même table dans le bar,
Elle somnole au large du comptoir
Ses doigts tous ridés tremblotent
Autour du café noir
Madame Durand, encore si jolie
Au crépuscule de sa vie
S'accroche à quelques souvenirs sépias
Un peu ternis
Elle revoit son Papa toujours bourru
Auprès du four à bois
Elle sent encore la main du petit gars,
La toute première fois
Madame Durand, la machine
À remonter l'temps
Madame Durand, elle ne marche
Qu'un instant
Madame Durand, les souv'nirs
Forment la vieillesse
Madame Durand, profitez en
(tant qu'il est encore temps)
Des soupirs parsi par là
La font frémir du haut jusqu'en bas
Seule chez elle, ce s'rait trop dur
Alors autant être là
Elle trouve que le sucre fond
Plus vite chaque saison
Sa fille ne donne pas de nouvelles
Depuis Noël
Elle fut si douloureuse la naissance
De cette petite furieuse
Eugénie était fragile, quand elle apparut,
Le père quitta la ville
Madame Durand, la machine
À remonter l'temps
Madame Durand, elle ne marche
Qu'un instant
Madame Durand, les souv'nirs
Forment la vieillesse
Madame Durand, profitez en
(tant qu'il est encore temps)
Madame Durand redevient
Mad'moiselle Durand
Pendant just'un moment
Le rose étalé sur ses pommettes
Vire au rouge brillant
La première fois à Royan, découvrirL
La plage et l'océan
Et monsieur Paoli si élégant,
Elle qui n'avait que 16 ans
Les lumières qui scintillent,
Dans le bal des pompiers d'la Bastille
L'odeur chez la grand mère engrangée
Par tous les mois d'hiver