Tu le verras l'oiseau lisse
Petit calibre fantaisiste
Du haut des parchemins d'argile
Je guette les fois, rebelle
Où tu glisses de ta stèle
Fièvre lente sous tes cils
Un peu de goudron sous les bras
Lèvres jaunes pelées sur l'arquebuse
Devant la faux cinglante de joie
Tu le reconnaîtras
Dans le jour étoilé
Tu le verras l'oiseau lisse
Qui feule dans tes cieux
Rouge comme l'humus
Agile comme les pluies
Qui se pose sur tes paumes
Et encore il tend les bras
Et encore il les tend
Des gouttes écarlates sur le corps
Tu le reconnaîtras
Nu sur la pierre
Tu le verras l'oiseau
Plié dans un drap d'ortie
Chanter dans la moelle des sureaux
Il a le sens du détail
Et cette pâleur qui revient
Lui ouvre la bouche
Sa capuche est pleine
Il se dresse hagard
Dans l'ombre des chênes.
Tu le reconnaîtras
Du plomb et de l'or dans la bouche
De la boue dans les naseaux
La crinière huilée d'effroi
Tu le verras l'oiseau
Lire dans nos pensées
Tu sentiras son aile sur la cornée
Un sentiment de horde à ses trousses
Enfouie. Enfouis ton nez dans les mousses
Alors
Tu le reconnaîtras
Nu sur la pierre
Un crabe entre les dents
Tu le verras l'oiseau
Lire ton nom sur le marbre
Tu le verras sur ton pare-brise
Mourir sur ta flanelle
Homme aux plumages d'argile
Dégommé
Les pensées divisées
Tu le reconnaîtras
Au milieu d'un guet
Algues hérissées sous les pieds
Et tu le reconnaîtras
On ira vivre en septembre
Place des mules
Murés dans la brume