Je rentrais de l'école et je traînais Boubou
Qui trépignait, pestait, jurait comme un voyou
Au milieu de la rue il me fait un caprice
Et jette son cartable dans les immondices!
Me voilà à genoux cernée par les vélos
Recherchant les cahiers, les crayons, les stylos
Répandus ça et là lorsqu'une voix aimable
Me fait lever les yeux vers un type adorable!
Comme un souffle grisant sa voix à mon oreille
Chante, fredonne et joue comme un envol d'abeilles
Je croise son regard et son regard me toise
Je suis émerveillée
Puis je reste pantoise
Moi, comme je les aime, un air intelligent
Un sourire incertain, quelques mèches d'argent
Dans une chevelure de pâtre ou de poète
Un concerto sublime éclate dans ma tête!
Son doux regard au mien s'oppose longuement
Ensorcelés tous deux par un enchantement
Boubou attend toujours, autos, vélos défilent
Et le temps, lentement
Perpétue notre idylle
Mais il me faut partir et mon cœur s'y résigne
Car mon bel inconnu du départ donne le signe
Il se lève et sa voix émue me dit en face
Votre combinaison, le saviez-vous, dépasse
Ce fut tout
Est-il près, est-il loin, est-il à Rochefort?
Je le retrouverai, car je sais qu'il existe
Bien plus que la raison, le cœur est le plus fort
A son ordre, à sa loi, personne ne résiste
Et je n'y résisterai pas