La résidence pavillonnaire ne se distinguait pas des autres
Elle non plus d'ailleurs
Si ce n'est
Peut-être
Des yeux gris métallique dans l'encadrement de cheveux
Noirs.
Nous jouions ensemble au Tennis ou à califourchon sur un gros ballon orange
Qui faisait des bonds comme l'eussent fait les kangourous en Australie
S'ils avaient possédé devant leur résidence une descente de garage en dur.
Plus tard, les après-midi libres en marge du lycée nous nous retrouvions dans le petit-bois, mais les cabanes d'enfant devenues trop étroites pour nos corps gauches nous découvrîmes ensemble ce que d'autres appelaient : la pornographie.
Partout, sur les préfabriqués, là, dans les taillis,
Nul endroit qui ne fut visité, nul qui n'aiguisa pas l'appétit.
Battements frénétiques, l'un sous l'autre, jeu de croquet, animaux poussant des cris,
Tous deux immobiles comme des cailloux qui à force d'application et de sueur Finissent par devenir une constellation d'étoiles.
Le maître nageur en pinçait pour elle
De l'eau chlorée jusqu'à la cime des peupliers,
Le maître nageur mettait son grain de sel
Pour celle qui se déshabillait la nuit, à la clarté de la lune, dans le brouillard pimpant, Devant les grosses filles qui la jalousaient étendues sur des serviettes à motifs.
Elle s'appelait Mélanie Rabotteau. Mélanie Rabotteau.
La pornographie c'est tout ce qui n'avait pas de durée.
Le temps, mon amour, jouait contre nous.
La pornographie, il fallut se donner,
À la dissolution du plaisir, à la disparition du désir
Et je laissai Mélanie filer par ce trou de souris qu'on nomme accessoirement la vie d'adulte.