La nuit tombait
Sur la highway 40
Au volant de ma Ford
La faim me tenaillait
Près d’une bretelle d’accès
Un panneau défraîchi annonçait
« Chez Jack Ranieri, le hamburger des champions, prochaine sortie »
Je n’y voyais rien de bon
Mais mon ventre me suppliant
J’enclenchai le clignotant.
Sur le toit du snack,
Un boxeur de bois, tout sourire
Accueillait le visiteur.
Il tenait à la main un hamburger.
Bien solitaire sur le parking,
Une vieille Chevrolet
Etait garée devant l’entrée
Je pénétrai dans l’établissement
La salle était sombre, j’étais seul
Derrière le comptoir, un vieux nettoyait des verres
Qui ne paraissaient pas sales
Et la télé était branchée sur une chaîne sportive
Les murs se couvraient d’affiches en noir et blanc
Jack Ranieri, « Iron jack », l’air menaçant, en position de garde
Défiait ses adversaires
Je m’assis sur un tabouret au comptoir
Et passai commande
Je demandai au type
« Qui est Jack Ranieri »
Le type me répondit
« C’est moi »
Un peu surpris, je regardai attentivement les affiches
Ranieri avait bien vieilli mais il y avait une vague ressemblance,
Je me demandai comment ce type avait pu passer des rings de salles prestigieuses
Au comptoir d’un snack-bar d’autoroute
Je n’eus pas besoin de poser la question
Ranieri avait lu dans mon regard l’interrogation
Il me sourit et souffla juste : « c’est la vie »
Je sentais bien qu’il voulait parler,
J’avais encore trois heures de route au moins, il était tard
Mais j’aime la boxe et les histoires
Alors, Ranieri prit un tabouret
Et vint s’asseoir tout près de moi au comptoir