Vous voulez la vérité ? Même moi qui suis pourtant une grande Voix de grand magasin, je ne prendrais pas le risque.
– Il n’y a qu’une personne qui peut le faire ! s’écrie soudain Jeanne : le Gardien de nuit !
– Le Gardien de nuit ? Mais tu es complètement folle, répond Joseph, il en veut à mort au Soldat ! Ça lui rappelle la nuit où il a été renvoyé…
– Il n’a plus ses yeux d’enfant, il ne voit pas que le Soldat Rose est vivant, il se fichera de pulvériser le produit, insiste la petite fille.
– Impossible, dit la Fiancée, il le réduira en bouillie dès qu’il retrouvera sa couleur, si jamais il la retrouve.
– C’est notre seule chance, dit Jeanne, laissez-moi faire.
Joseph court se cacher derrière une malle.
La petite fille appelle le Gardien.
– Qu’est-ce qui se passe encore ? C’est la journée, décidément ! marmonne-t-il en arrivant dans la salle de jeux.
– Je ne peux pas dormir, mon jouet est trop sale. S’il vous plaît, vous pouvez m’aider à le nettoyer avec cette mousse spéciale.
Le Gardien de nuit répond qu’il n’aime pas les jouets, à part les pistolets et les sabres laser.
– Ça tombe bien, reprend la petite fille, c’est un soldat.
– Mais… je le reconnais ! hurle le gardien. Rose ! Il était rose ! Je m’en souviens. Rose ridicule. C’est à cause d’une de ces saletés que j’ai été viré du grand magasin.
– À cause ? Vous voulez dire : grâce. Avant, vous gardiez des paquets de nouilles et des pots de yaourt ; maintenant, vous protégez des enfants, c’est quand même beaucoup mieux, non ?
Elle lui pose un baiser sur la joue : « Smack. »
Le conducteur du train électrique s’approche alors du Gardien…