Le nez collé au carreau
Dans ce train quotidien
Il fait trop chaud et je ne pense à rien
Le nez collé au carreau
Tiens, pourquoi cet homme-là
Court comme s’il avait la frousse
Et dans le sens opposé?
Tout a l’air calme et je ne vois
Pas de diable à ses trousses
Qu’il fuie comme un dératé…
C’est à peine si je suppose
Qu’il s’est passé quelque chose…
Un deuxième, c’est amusant
Sur la route un peu plus loin
Fuit de la même façon,
On dirait que c’est urgent
Il crie mais je n’entends rien
Et s’en va à reculons…
Peu à peu l’idée s’impose
Qu’il s’est passé quelque chose…
Le nez collé au carreau
Dans ce train impassible
Il fait si chaud et tout est si paisible
Le nez collé au carreau
Bientôt en voilà plusieurs
Qui vont vers là d’où je viens
En petits groupes affolés
De quoi peuvent-ils avoir peur ?
Vers quoi m’emmène ce train ?
Qu’y a-t-il à l´arrivée
Qui provoque cette psychose ?
Il s’est passé quelque chose ?
Maintenant c’est une foule
Qui décampe sans raison
Et fuit quoi ? Je n’en sais rien
Et toujours ce train qui roule
En dévorant l’horizon
Vers un probable destin
Vers l’effet et vers la cause
Il s’est passé quelque chose
Le nez collé au carreau
Dans ce train maléfique
D’autres voyageurs ont vu la panique
Le nez collé au carreau
On approche de la ville
Il fait de plus en plus chaud
Et maintenant c’est désert
Tout pourrait sembler tranquille
S’il n’y avait ce halo
De fumée et de poussière
Ces lueurs d´apothéose
Il s’est passé quelque chose
Quelque chose, oui, mais quoi ?
Est-ce une bombe perdue ?
L’apocalypse maintenant ?
Est-ce un Dieu vengeur et froid
Qui nous fait un coup tordu ?
Un attentat fulgurant ?
Une usine qui explose ?
Il s’est passé quelque chose
En voyant le ciel brûlant
Sur les tours et les banlieues
Les voitures abandonnées
On dit que c’est inquiétant
On espère encore un peu
On voudrait savoir prier
On n’est sûr que d´une chose :
Il s’est passé quelque chose…