Tu me dis, mon amour
Plus de vingt fois par jour
Que c’n’est pas élégant
Et très peu ragoutant.
Mais vois-tu, c’est ballot
Je n’suis pas comme il faut
Et j’peux pas m’empêcher
A longueur de journée
D’mettre mes doigts dans mon nez
J’ai malgré moi
Bien trop d’émois
A dénicher ces trésors
De poussière et d’or
Pour ne pas céder
Aux voluptés
De mes doigts et de mon nez
Mon amour, je l’avoue
J’aime ce doigt de mystère
Ambigü, sans tabou,
Ce plaisir nécessaire
Doit rester une affaire
Solitaire
Autrement c’est vulgaire
Pour autant je l’fais pas
En secret dans le noir
Et l’on m’surprend parfois
Même si j’ai un mouchoir
Sur scène, à la télé,
Egarer
Quelque doigt dans mon nez !
J’ai malgré moi
Bien trop d’émois
A dénicher ces trésors
De poussière et d’or
Pour ne pas céder
Aux voluptés
De mes doigts et de mon nez
Autant de poésie
Collée sous le clavier
Ou semée dans Paris
Je m’tire les vers du nez
Mon doigt trouve la rime
Féminine
Au fond de mes narines !
C’est la preuve agaçante
De mes facilités
Savante en dilettante
Vraiment décontractée
Maniant le subjonctif
L’air naïf
Et les doigts dans le pif
Il eût fallu que j’eusse
Bien peu d’émois
A dénicher ces trésors
De poussière et d’or
Pour que je ne cédasse point
Aux voluptés
De mes doigts et de mon nez
Mais j’arrête car je crains
D’être allée un peu loin
Que mon ode au mucus
Ne fasse pas consensus !
Lors cessons, mon amour
Ces querelles ces discours,
Pourquoi se disputer ?
On se noie dans un dé
Pour un doigt dans un nez...