ThĂ©o Rakotovao alias Mikea, est originaire de la rĂ©gion du Masikoro, au sud-ouest de Madagascar. Câest dans la « forĂȘt sĂšche » de cette rĂ©gion que vivent les Mikea, dont ThĂ©o a empruntĂ© le nom, rendant hommage Ă un peuple dont la culture unique (en osmose avec un milieu naturel rĂ©putĂ© difficile) est totalement mĂ©connue, sinon mĂ©prisĂ©e, sur la Grande Ile. Auteur, compositeur, interprĂšte, Mikea chante la solitude, la pauvretĂ©, les valeurs traditionnelles, la terre, le pouvoir de lâargent, lâexil et le mal du pays, la trahison et le vol, la justice, la famille, lâamour Ă©videmment, mais aussi la dĂ©forestation et les problĂšmes dâenvironnement. Ses chansons aux accords folk sont teintĂ©es de blues, et son chant, puissant, est inspirĂ© du beko, un style vocal caractĂ©ristique du sud de lâĂźle.En 2007, Mikea sort son premier album « Longo » Ă Madagascar et il est finaliste du Prix de lâOcĂ©an Indien ; lâannĂ©e suivante, il remporte le Prix DĂ©couvertes RFI.
En 2009, lâalbum « TAHOLY » est publiĂ© en Europe.
Son troisiÚme disque « HAZOLAVA » ("alerte!") est paru en janvier 2013 sur le label hollandais Music & Words.
"Des zĂ©bus par centaines, confiĂ©s Ă la garde de garçons ĂągĂ©s Ă peine dâune dizaine dâannĂ©es; une forĂȘt sĂšche et Ă©pineuse du sud-ouest de Madagascar, dans laquelle chanter est le seul moyen de retrouver les autres et ne pas se perdre⊠Lorsque ThĂ©o Rakotovao se produit sur scĂšne hors de la Grande Ăle, il aime dĂ©crire la rĂ©alitĂ© de son enfance, pas si lointaine, qui est toujours celle du peuple Mikea auquel il appartient et dont il a voulu se faire le porte-Ă©tendard Ă travers le groupe du mĂȘme nom. En retour, lorsquâil revient rĂ©guliĂšrement chez lui Ă Antanimieva, lĂ oĂč lâeau et lâĂ©lectricitĂ© ne sont pas encore arrivĂ©es, il apprend Ă ceux qui sont restĂ©s sur place Ă quoi ressemble ce monde incroyable du 21e siĂšcle qui commence dĂ©jĂ dans les grandes villes voisines. Il tĂ©moigne, fait le lien entre les uns et les autres, contribue Ă son niveau Ă Ă©largir le pĂ©rimĂštre de ce village global qui a pour nom mondialisation. Y compris auprĂšs de ses compatriotes issus dâautres rĂ©gions, afin de redorer le blason des Mikea dont la culture Ă©tait au mieux mĂ©connue, au pire considĂ©rĂ©e comme ringarde.Ce rĂŽle qui lui tient Ă coeur se dĂ©cline aussi sur le plan musical. La version personnelle de lâĂ©quation quâil a posĂ©e entre tradition
et modernitĂ© rĂ©sulte dâun cheminement artistique inscrit dans le temps. Si son chant puise dans le beko authentique, ce blues typique des Mikea, sa façon de jouer et de composer nâest pas seulement enracinĂ©e dans le terroir, ses arrangements voient plus larges, ses mĂ©lodies sont universelles.
« HAZOLAVA», la chanson qui donne son titre Ă ce nouvel album de Mikea, est la synthĂšse de toutes ces dimensions. Parmi les musiciens du groupe, certains ont flirtĂ© avec le jazz rock. ThĂ©o, lui, avait commencĂ© sa carriĂšre par faire montre de son talent dans un registre plus proche de la variĂ©tĂ© locale, avant de rĂ©aliser que ce nâĂ©tait pas la voie quâil souhaitait suivre. Ce diplĂŽmĂ© en gestion, neuviĂšme dâune fratrie de treize enfants, a dâabord pris la mesure de la diversitĂ© de son Ăźle avant de se recentrer sur son identitĂ©.
Finaliste du prix de lâocĂ©an Indien en 2007, puis laurĂ©at du prix DĂ©couvertes RFI en 2008, Mikea a enregistrĂ© le contenu de ce troisiĂšme album "Hazolava" dans son studio Ă Antananarivo, la capitale malgache. "Handea Aho", rapportĂ©e de sa tournĂ©e en Afrique de lâOuest en 2009 (onze pays, seize conce
rts), cĂŽtoie "Cafrik", fruit dâune collaboration avec un auteur rĂ©unionnais, Ă©crite en français et en malgache. Lâoccasion aussi de donner une existence internationale mĂ©ritĂ©e Ă quelques chansons parues une premiĂšre fois en 2006 sur "Longo", commercialisĂ© uniquement sur le marchĂ© domestique. Et puis il y a aussi cette version 100 % malagasy de "Hey Joe". Lorsquâil a dĂ©couvert ce tube indĂ©modable popularisĂ© par Jimi Hendrix, le chanteur de Mikea a eu lâimpression dâentendre un de ses oncles du village! Les prĂ©occupations des siens, la situation de crise que traverse son pays lui ont inspirĂ© le texte de "Hazolava". âUn appel au secours,â explique ThĂ©o, dĂ©terminĂ© Ă montrer de Madagascar une image dĂ©barrassĂ©e de tous les clichĂ©s."
Mikea Hazolava
"Mikea est ce quâon appelle un auteur, compositeur, interprĂšte. Il a fait le choix de se tourner vers une esthĂ©tique simple, Ă la fois personnelle et universelle, portĂ©e par le trio guitare, basse et percussions, trio sur lequel la voix peut sâĂ©panouir librement et mener lâauditeur directement au propos. Mais les inflexions de la voix, son timbre, ses envolĂ©es et son langage vont rappeler sans cesse quâon est Ă Madagascar. Et le pays de Mikea apparaĂźt aussi sous les couleurs, les sons et les rythmes de la guitare. Ici oĂč lĂ , surgit une flĂ»te lĂ©gĂšre qui rappelle la sodina de certains rituels. Ou alors ce sont des voix de gorge qui viennent soulever le chant solo et qui font penser Ă certains chants traditionnels.
Le beko, musique de cérémonies chantée à plusieurs voix, habite aussi le chant de Mikea. Cette tradition s'est glissée vers une fonction nouvelle et des chanteurs comme Mikea ont façonné une chanson sociale sur le style ancestral. On comprend d'emblée cette alchimie adroite entre un passé discrÚtement perceptible, un ensemble de traditions accessibles aux seuls initiés et une volonté d'ériger le propos en une forme internationalement perceptible pour que passe un constat confié à la chanson.
Mikea chante la solitude, la pauvretĂ©, les valeurs traditionnelles, la terre, le pouvoir abject de l'argent, l'Ă©xil et le mal du pays, la trahison et le vol, la justice, la famille, l'amour Ă©videmment mais aussi la dĂ©forestation et les problĂšmes d'environnement. C'est une sorte de chant d'amour s'Ă©levant de la voix d'un chanteur qui a fait le choix juste de laisser parler une musique profondĂ©ment subtile mĂȘme si apparemment Ă©vidente. Mikea chante parce que chanter est vital. Il chante pour parler des siens : un chant avec une morale, comme une balade ancienne, comme un blues du fond des bayous, comme un gospel, comme un proverbe africain..."
Etienne Bours
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