"Allez vous faire... !"
(Stromae)
Toujours les mêmes discours, toujours les mêmes airs,
Hollande, Belgique, France austère.
Gauches, ou libéraux, avant-centres ou centristes,
Ça m'est égal, tous aussi démagos que des artistes. (1)
(Maitre Gims)
Je n'dis pas c'que j'pense, mais j'pense c'que je dis. (2)
Quand je vois c'que j'vois, et c'que valent nos vies
Pas si surprenant, qu'on soit malpolis.
Donc vas-y follow ma folie, m'a follow, follow me now !
"Allez vous faire... !" x2
(Orelsan et Maître Gims)
Censé devenir un jeune cadre dynamique, (3)
J'ai toujours été qu'un jeune stressé qui panique. (4)
C'est marqué sur nos actes de naissance en italique,
On a tous un pied dans l'hôpital psychiatrique.
La nuit dans la bouteille, la journée dans les bouchons, (5)
Depuis quand je suis dans les pompes de Monsieur Tout-le-monde ?
La ville dans les oreilles, la fumée dans les poumons,
Des moutons, des moutons, des moutons... (6)
Pardonnez mon petit langage
Là j'ai bu du 10 ans d'âge
Les médias font trop de chantage
Vous m'avez pris pour un esclave ?
Debout c'est l'heure du taf
Faut bien limiter la casse
De-demande à Raelsan
On va tous finir en cage !
"Allez vous faire... !"
(Stromae et Maître Gims)
Riches, et malheureux,
Mais heureusement qu'on a l'euro.
C'est cool nan, mais si coûteux, (7)
Que l'argent est à couper au couteau.
Et ça taf pour dépenser,
D'arrache pieds et ça pour que ça marche
Cracher, cracher du cash
Et saigner jusqu'à être balafré
C'est pour les mecs avec qui j'ai grandi pendant des années,
Sans pour autant qu'ils me renient par rapport au succès,
Tu sais bien la vie c'est paro, pas la peine d'en faire un fromage, demande aux tits-pe qui maraudent dans les tier-quar
J'ai rien de ssé-ca, je me casse, on se capte un de ces quatre
Allez vous faire foutre, j'ai un match de foot (8)
"Allez vous faire... !"
(Orelsan) (9)
Montez sur scène, allez tous vous faire huer !
Marchez dans les rues, allez tous vous faire juger !
Passez sur le billard, allez tous vous faire tuner !
Signez sur des contrats, allez tous vous faire plumer ! (10)
J'allume la télé pour cracher sur des connards que j'déteste
J'ai 300 chaines, pense à la quantité d'insultes que j'déverse (11)
On dit qu'j'fais preuve de gentillesse, je fais vraiment preuve de faiblesse
Faudrait leur faire payer leurs dettes, avant que je meure de vieillesse.
(Maitre Gims)
Je n'dis pas c'que j'pense, mais j'pense c'que je dis.
Quand je vois c'que j'vois, et c'que valent nos vies
Pas si surprenant, qu'on soit malpolis.
Donc vas-y follow ma folie, m'a follow, follow me now !
"Allez vous faire... !"
(Stromae)x2
Allez vous fer ... mer les yeux (12)
Longtemps, et puis restez hors-jeux ?
Un peu démagos ou envieux
C'est vrai qu'on est un petit peu des deux (13)
"Allez vous faire... !"
Explications par Misterwho?
(1)Stromae fait ici référence aux hommes politiques, qu'ils soient de gauche, de droite ou centristes.
Ils sont tous démagos, c'est-à-dire qu'ils racontent au peuple ce que le peuple veut entendre, pour être bien vus ; comme certains artistes qui font ce que les gens veulent entendre, ou qui font des trucs “à la mode” pour vendre plus de disques.
On notera le probable jeu de mot entre la Hollande et le président français François Hollande.
Mais il est peu probable que cela soit une critique directe d'Hollande : cette chanson est une critique APOLITIQUE des politiciens… Donc ce serait étonnant qu'il prenne un tel parti dans ses propos
Stromae fait aussi un jeu de mots footballistique : avant-centre / libéro et libéraux
On en conclue donc que, puisqu'on s'attend au président quand il dit Hollande avant qu'il cite la Belgique et la France et qu'il fait le jeu de mot “avant centre ou centristes”, c'est une façon de se moquer de la politique en général avec un peu d'ironie.
(2)Parallélisme :
Même construction syntaxique de la phrase.
On peut penser à une reprise et un clin d'oeil à Orelsan (qui est sur le morceau comme Maître Gims j'espère que vous l'avez remarqué), qui disait dans Courez courez :
J'suis pour de vrai de vrai, j'dis c'que j'pense, j'pense c'que j'dis
(3)Orelsan a eu un bac ES et a fait des etudes de commerce qu'il a abandonné pour continuer dans la musique
(4)Orelsan nous répète souvent que sous ses airs de rebel, il reste souvent stressé et que pendant longtemps, il n'avait pas confiance en lui.
(5)Ces deux images sont mises en opposition par le parallélisme syntaxique
“nuit”/“journée” ; “dans la bouteille”/“dans les bouchons”
Et informent d'un certain dégoût de la routine avec ce ton nonchalant marquant la critique d'une vie morose.
La banalité est imagée grâce au jeu de mots avec la polysémie de “bouchon” (le bouchon d'une bouteille et le bouchon, nom donné à un embouteillage)
Tout le temps dans les bouchons !
Il boit pour oublier ses problèmes liés au travail et le stress causé par les embouteillages.
L'image du bouchon sur la bouteille montre justement cet action avec un but bien défini : picoler
Avant de retrouver une nouvelle fois les bouchons, la pression qui est lié à son travail, comme monsieur tout le monde…
(6)Dans ce morceau, Orelsan critique certaines personnes, et certains train-train quotidiens, voire tous les Train-Train, ce qui ne peut nous laisser sans rappeler qu'il avait déjà critiquer, voire insulter, tous ces moutons pathétiques.
Orelsan finit son vers par un bâillement, faisant référence à l'acte de compter les moutons pour trouver le sommeil.
(7)"Lui qui croyait que l’euro ferait beaucoup d’heureux
Pour les vacances faudra attendre un peu ou gagner au jeu"
En rapport avec la phrase précédente
(8)L'explication la plus probable de cette phrase troublante est la recherche d'assonance en –(fou)–
On notera un procédé d'ironie qui rend cette petite phrase finale jemenfoutiste compréhensible, totalement à l'inverse du précédent déluge de paroles.
(9)Dans le début de ce couplet, Orelsan utilise une figure de style appelée Anaphore qui consiste à réutiliser la même formulation :
Allez vous faire
En plus de ça, une ressemblance se fait remarquer dans la structure de ces phrases.
On peut penser que l'auditeur s'attend, avec une rime en –[é]– à entendre un certain verbe qui pourrait compléter le “allez vous faire”.Orelsan préfère s'amuser à tourner autour du pot en utilisant des verbes surprenants tels que “huer”, “juger”, “tuner”, et “plumer”.
(10)Les contrats de travail sont ceux qui garantissent qu'on est employé légalement(qu'on travaille pas au noir).
C'est en signant ces contrats que tu acceptes le montant de ton salaire proposé par ton patron.
Mais parfois le salaire n'est pas à la hauteur du travail fournis et donc tu te fais plumer(arnaquer).
Et Orel connait bien ça puisqu'il a travaillé dans l'hôtellerie. D'ailleurs dans Etoiles invisibles il disait :
Y'a marqué “On t'la met profond” entre les lignes de ma fiche de paye
(11)Comme il le disait avec Gringe, des Casseurs Flowters, dans Bloqué :
Rien à la télé, rien à la télé
Retenez-moi, j'vais casser ma télé
T'insultes l'animateur, et puis t'éteins ta télé
Dans la lignée du morceau, il haït les politiques que nous voyons chaque jour à la télé.
On notera que même si certains ressentent du plaisir dans la haine, haïr des gens alors que cet objet devrait être un simple outil de divertissement est paradoxal
(12)Alors qu'on aurait penser que Stromae allait continuer son anaphore avec son “Allez vous faire f…”, il nous surprend à nouveau et en profite pour jouer sur la construction de son texte
Cette fois, la phrase répétée devient interrogative : “Allez-vous fermez les yeux ?” nous demande-t-il. Allez-vous continuer à vivre dans les situations monotones décrites par les trois rappeurs ou allez-vous enfin les suivre dans leur folie musicale ?
(13)Pendant tous le morceau, nos trois artistes nous répètent que les hommes politiques sont ceci, qu'ils sont cela etc.
Certains auront peut-être ressenti un mal-aise quand ils ont entendu des artistes critiquer si facilement des hommes politiques, et trouver cette chanson proche de la démagogie
En effet, critiquer la démagogie des politiques pourrait s'apparenter à de la démagogie !
Et cela, Stromae le reconnaît, pour justement ne pas tomber dans la démagogie qu'on pourrait lui reprocher.
Vous m'suivez ?
En plus de cela, il se qualifie d'“envieux”, preuve que la “quantité d'insulte qu'(il) déverse” est peut-être un signe de jalousie
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