Paroles de la chanson «Le Grand Coureur» par Luc Arbogast

Le corsaire le Grand Coureur
Est un navir' de malheur.
Quand il s'en va en croisière
Pour aller chasser l'Anglais,
Le vent, la mer et la guerre
Tournent contre le Français!

Allons les gars, gai, gai!
Allons les gars, gaiement!
(x2)

Il est parti de Lorient
Avec bell' mer et bon vent.
Il cinglait bâbord amure (1)
Naviguant comme un poisson,
Un grain tombe sur sa mâture (2)
V'là le corsaire en ponton!

Allons les gars, gai, gai!
Allons les gars, gaiement!
(x2)

Il nous fallut remâter
Et bougrement bourlinguer
Tandis que l'ouvrage avance
On signale par tribord,
Un navire d'apparence
À mantelets de sabords!

Allons les gars, gai, gai!
Allons les gars, gaiement!
(x2)

C'était un Anglais vraiment
A double rangée de dents.
Un Marchand de mort subite
Mais le Français n'a pas peur,
Au lieu de brasser en fuite
Nous le rangeons à l'honneur!

Allons les gars, gai, gai!
Allons les gars, gaiement!
(x2)

Ses boulets pleuvent sur nous
Nous lui rendons coup pour coup.
Pendant que la barbe en fume
A nos braves matelots,
Dans un gros bouchon de brume
Il nous échappe aussitôt!

Allons les gars, gai, gai!
Allons les gars, gaiement!
(x2)

Nos prises au bout de six mois
Ont pu se monter à trois :
Un navir' plein de patates
Plus qu'à moitié chaviré,
Un deuxième de savates
Et le dernier de fumier!

Allons les gars, gai, gai!
Allons les gars, gaiement!
(x2)

Pour nous refair' des combats
Nous avions à nos repas,
Des gourganes et du lard rance, (3)
Du vinaigre au lieu du vin,
Du biscuit pourri d'avance
Et du camphre le matin!

Allons les gars, gai, gai!
Allons les gars, gaiement!
(x2)

Pour finir ce triste sort
Nous allions périr au port.
Dans cette affreuse misère
Quand chacun s'est vu perdu,
Chacun selon sa manière
S'est sauvé comme il a pu!

Allons les gars, gai, gai!
Allons les gars, gaiement!
(x2)

Le cap'taine et son second
S'ont sauvés sur un canon,
Le maître sur la grande ancre,
Le commis dans son bidon,
Ah ! le sacré vilain cancre
Le voleur de rations !

Allons les gars, gai, gai!
Allons les gars, gaiement!
(x2)

Allons les gars, gai, gai!
Allons les gars, gaiement!
(x2)

Il eût fallu voir le coq
Et sa cuiller et son croc,
Il s'est mis dans la chaudière
Comme un vilain pot-au-feu,
Il est parti vent arrière
Atterrit au feu de Dieu!

Allons les gars, gai, gai!
Allons les gars, gaiement!
(x2)

De notre horrible malheur
Seul le calfat est l'auteur (4)
En tombant de la grand-hune
Dessus le gaillard d'avant,
A r'bondi dans la cambuse (5)
A crevé le bâtiment!

Allons les gars, gai, gai!
Allons les gars, gaiement!
(x2)

Si l'histoire du Grand Coureur
A pu vous toucher le cœur,
Ayez donc belles manières
Et payez-nous largement,
Du vin, du rack, de la bière (6)
De l'amour aux quatre vents

Allons les gars, gai, gai!
Allons les gars, gaiement!
(x2)

(1)Bâbord amures se dit quand le bateau reçoit le vent par bâbord (gauche) ou tribord amures quand il le reçoit par tribord .
(2)Matûre: ensemble des mâts d'un navire et manière dont il est mâté.
(3)Gourgane ou fève des marais ou encore fagioli est une sorte de fève.
(4)Calfat est un ouvrier employé en construction navale pour le calfatage (action qui consiste à remplir à force les espaces entre les planches constituant le revêtement extérieur de la coque) des bordés des navires.
(5)Cambuse est le local d'un navire, où était entreposé, dans la marine traditionnelle, une partie des vivres.
(6)Rack est de l'eau de vie