Le soir où tu m'as appelé,
Ce n'était pas pour mes grands yeux bleus,
Ce n'était pas pour mes secrets,
Ni pour moi, j'n'étais pas si malheureux ;
Tu n'avais pas tant besoin d'aide,
Ton dos n'était pas tant fatigué,
Que pencher tes deux mains dans la merde
Ne t'aurait pas trop abîmée.
Moi j'ai accouru bien vite,
Maintenant je sais, j'aurais dû me méfier,
Car tes deux lettres, petite,
Sont nées de la médiocrité.
Puis j'ai construit tes bâtiments,
A ce jeu-là, c'est vrai, mes grands parents
M'avaient légué précisément
Ce qu'il y avait de plus fort en ce talent.
Ce paragraphe pourrait se référer aux nombreux ouvrier algériens qui ont oeuvrés sur le sol français après la 2nd GM, et qui ont subi encore le racisme des Français.
Mais il y a eu moins drôle
Quand il fallait combattre tes voisins ;
Tu m'as donné le mauvais rôle,
Là encore j'ai sali mes mains.
Ce paragraphe se réfère sûrement aux algériens envoyés en première ligne des troupes françaises.
Et j'ai transpiré bien vite,
Maintenant je sais, j'aurais dû pleurer
Sur tes deux lettres petites,
Resurgies d'un sombre passé.
Et qu'as-tu trouvé à mes os,
Qu'as tu pensé pour les croire aussi solides ?
Quand tu m'as tout mis sur le dos,
Sitôt que sont venues tes premières rides.
J'ai senti là comme un malaise,
A qui la faute, tu as accusé la mienne,
Tu m'as mis entre parenthèses
Quand j'ai voulu prouver les tiennes.
Tu croyais me mourir vite,
Maintenant je sais, tu voulus me crever,
Pendant tes deux lettres petites,
Au nez de ta triste fierté.
Si hélas mon père en est mort,
D'avoir défendu ta liberté,
Mon frère presque du même sort,
S'est épuisé sur les chantiers.
Il n'y a pas de mauvais sort,
Juste un dupeur, juste un dupé.
Qui des deux a le plus tort ?
Je te laisse le soin de juger.
Mais ne réfléchis pas trop vite,
Maintenant je sais, comme lorsque tu as fait
Tes deux lettres, petite,
Nées de la haine et du danger.
Pour ma part il n'y aura pas vengeance,
Je n'en ai ni l'envie ni le courage,
Je m'en vais retrouver l'absence
De mon histoire, il manque bien des pages.
D'ailleurs à bien y réfléchir,
Mon peuple lui-même aurait-il accepté
D'avouer qu'il avait dû mentir,
D'avoué qu'il avait profité
De ce qu'il y a de pire ensuite,
Maintenant je sais, lui aussi aurait fait
Ces deux lettres, petite hypocrite,
Nées de la fatalité.
Ces deux paragraphe relativise l'accusation pour se rendre compte que ce n'est pas le propre d'un pays, mais qu'eux même aurait pu agir de même, et que ces deux lettres, symbolisant la nation, dont la source du mal.
Permets-moi de juger, malgré mon âge,
Cette chanson courte mais suffisante,
Que je laisse en maigre héritage,
En cadeau des heures accueillantes.
N'oublie jamais qu'il y eut en ton pays
Un peuple sage que l'on a trahi ;
Dis à tes enfants qui je suis
Si le besoin s'en prenait à leur vie.
S'ils devaient me rendre visite,
Maintenant je sais, de force ou de plein gré,
Ils découvriraient, petite,
Ces deux lettres, bien embêtés.
S'ils devaient me rendre visite,
Ils seraient à leur tour immigrés
Et ces deux lettres pourtant si petites
Le leur en feront bien baver.
Ces derniers paragraphe se placent de l'autre côté, si les Français étaient eux même immigrés là-bas, qu'ils subiraient aussi tout ce que les Algériens ont pu subir, à cause de ces deux lettres qui les rattache à leur pays.
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Une chanson que j'ai eu du mal à comprendre, mais on peut penser à première vue qu'il s'agit du discours de quelqu'un appartenant à un peuple exploité par un autre. Plus précisément, les "deux lettres, petites", et l'histoire qui est contée ici, fait penser aux relations qu'a entretenue la France avec l'Algérie dans le siècle passé. On pourrait donc penser que ces "deux lettres" se réfèrent aux lettres "RF" signifiant "République française" et que la petite hypocrite est bien la France.
Je vais donc essayer d'expliquer la chanson sur ces bases. Mais je suis pas calé en histoire.
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