Blessed (Bénis)
Comme toutes les chansons de Simon et Garfunkel, celle-ci raconte une histoire, entre le drame et l'humour.
Elle est construite sur le modèle des Bénédictions de l'Évangile selon Mathieu : lors du sermon sur la montagne, il rapporte ces paroles de Jésus : "Heureux/Bénis les doux... Ceux qui ont été offensé en mon nom... ".
Bref, de pieux auspices pour les premières paroles ! Suivies d'une invocation au Seigneur *O Lord*, et de la description d'une nuit passée à errer dans un quartier souvent considéré comme un lieu de débauches, telle une âme perdue égarée du droit chemin.
Pourtant, petit à petit un certain second degré s'immisce : +Bénis les buveurs d'amphet', les vendeurs de cannabis+, en même temps que les confessions du narrateur deviennent plus sombres : *My words trickle down, like a wound*.
Le dernier couplet prend un tour décidément païen, et l'on entend bénir les *cheap hookers* et autres jolies filles. En parallèle, c'est le dégoût de la solitude qui s'exprime, l'envie de trouver quelqu'un à aimer et de qui s'occuper.
Selon moi, cette chanson ressemble à une prière d'ivrogne. La prière débute "dans les rails", le type encore lucide erre dans SoHo, une bouteille à la main. Sa soif d'amour et sa solitude le font se tourner vers Dieu.
Puis il s'enivre un peu plus, commence à dériver sur les drogues qui apportent l'oubli et les belles illusions.
Enfin, une fois la bouteille vide, c'est l'aveu de l'âme pècheresse rendue nerveuse par le service, c'est l'éloge des putes et des charlatans... Et la tristesse de se trouver seul, sans réconfort, abandonné de Dieu.
Blessed are the meek for they shall inherit.
Bénis sont les doux car ils auront la terre en partage.
Blessed is the lamb whose blood flows.
Béni l'agneau dont le sang est répandu.
Blessed are the sat upon, Spat upon, Ratted on,
Bénis ceux ceux que l'on méprise, que l'on avilit, que l'on trahit,
O Lord, Why have you forsaken me ?
Ô Seigneur, pourquoi m'as-tu abandonné ?
I got no place to go,
Je n'ai nul part où aller,
I've walked around Soho for the last night or so.
J'ai marché dans Soho* la nuit entière ou presque.
Ah, but it doesn't matter, no.
Ah, mais ça n'est pas grave, non.
Blessed is the land and the kingdom.
Bénis sont le pays et le royaume.
Blessed is the man whose soul belongs to.
Béni l'homme qui n'a pas vendu son âme.
Blessed are the meth drinkers, Pot sellers, Illusion dwellers.
Bénis les buveurs d'amphet', les vendeurs de cannabis, les citoyens de l'Illusion,
O Lord, Why have you forsaken me ?
Ô Seigneur pourquoi m'as-tu abandonné ?
My words trickle down, like a wound
Mes mots s'écoulent, comme une blessure
That I have no intention to heal.
Que je n'ai aucune intention de guérir.
Blessed are the stained glass, window pane glass.
Bénis sont le vitrail, le carreau de fenêtre.
Blessed is the church service makes me nervous
Bénie l'église le service [religieux] me rend nerveux
Blessed are the penny rookers, Cheap hookers, Groovy lookers.
Bénis les charlatans grippe-sous, les putes bon marché, les filles super jolies.
O Lord, Why have you forsaken me ?
Ô Seigneur, pourquoi m'as-tu abandonné ?
I have tended my own garden
Voilà bien trop longtemps
Much too long.
Que je ne prends soin que de mon propre jardin.
SoHo : quartier de Manhattan à New-York, investi par les artistes depuis les années 60
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