Nous Souviendrons-nous ? (Nous Souviendrons-nous ?)
ATTENTION : Chanson à caractère gravement dépressif !
Non je plaisante XD Il n'empêche que ce n'est pas la joie de vivre qui anime la jolie Mylene dans ce texte. Elle apparaît en 10e piste de l'album "L'Autre... " (1991), et transmet la lassitude de la chanteuse quant à ce monde et sa vie... et le rapport aux autres.
Si le fil conducteur que je vais suivre pour expliciter ce texte n'est qu'une hypothèse de ma part, il se peut qu'elle soit tout aussi erronée.
"Aux vies qui s'abaissent à voir la mienne" : Dès le premier vers, Mylene s'adresse à un auditoire, comme sur le point de proclamer un discours (d'adieux ? ). Elle entend que ces "vies" "s'abaissent" pour voir la sienne. En d'autres termes, Mylene se sent basse, vile, petite comparée aux autres, à l'Autre.
"Je sais / Qu'il me faudra prendre congé d'elles" : Mylene annonce d'ores et déjà un départ inéluctable. Elle "sait" que son "congé" sera inévitable et que la date de cet adieu se rapproche inexorablement.
"Un jour ou l'autre" : cette phrase suppose qu'elle ne sait pas, en contrepartie, quand cette date aura lieu, quand elle devra prendre congé des vies qui s'intéressent à elle.
"Nos vies sont des larmes d'aquarelle" : Mylene joue ici sur les sonorités (on appelle cela des allitérations en poésie) avec les sons liquides : "l", "m", "r" et "qu". A quoi cela sert-il, me direz-vous ? En poésie, on parle d'harmonie poétique quand un artiste utilise des sons spécifiques pour traduire l'idée d'un objet. Par exemple : "la grosse rocaille cassante et creuse" : les sons sont rêches, durs, comme le roc, donc l'idée (le mot) que le poète veut mettre en avant est décrit non seulement physiquement (on se le représente visuellement grâce aux mots employés), mais aussi sonoriquement (ce qui renforce l'impression).
Ainsi lorsque Mylene parle de "larmes d'aquarelle", on peut d'autant mieux se figurer ces larmes, cette eau, puisqu'on l'entend ! Et que symbolise cette eau ? Peut-être le cours de la vie.
Et si "Nos vies sont des larmes d'aquarelle", alors cela signifie qu'elles sont toutes régies par ce cours d'eau incessant qu'est le temps. Nous sommes ses esclaves. Et comme cette situation n'est pas de notre goût (on aimerait tous être immortels ou vieillir moins vite), nous versons des larmes (d'aquarelle, bien entendu). ^^
"Nous ne sommes reliés qu'à nous-mêmes" : Cette fois-ci, Mylene s'effondre carrément dans la dépression. Elle se sent désespérément seule, et dit que chacun, d'une certaine manière est seul lui aussi. Le fait de n'être reliés qu'à nous-mêmes (donc à personne d'autre) signifie que nous n'avons pas d'attache en ce monde, ni aucune raison d'y rester, à part le souhait de vivre.
Et dans le refrain, Mylene dit clairement qu'elle ne l'a plus.
"Et si je perds la foi / En nous, en tout" : On savait que Mylene n'aimait pas la religion ("Je crois en Dieu mais je ne l'aime pas", avait-elle dit dans une interview), mais ici, elle perd également foi en elle-même, en les autres, et en tout ce qui l'entoure, comme plus rien n'avait d'intérêt, de sens à ses yeux.
"C'est bien malgré moi / Nulle prière" : De nouveau le champ lexical de la religion. Ici, elle explique qu'elle n'y peut rien si elle n'aime pas Dieu, et si elle perd la foi en tous. Et même si elle priait, cela ne changerait rien, c'est pourquoi elle ne prononce "nulle prière".
"A chacun de nos pas / Je doute de tout" : elle souligne le fait qu'à chaque pas (donc à chaque épreuve, chaque choix, chaque nouvelle voie, symbolisés par les pas), elle remet tout en question (ai-je affronté cet obstacle comme il fallait ? Ai-je fait le bon choix ? Ai-je pris la bonne voie ? ). Le sens même de son existence est ainsi mis en doute.
"Nous souviendrons-nous de nous ? " : l'auditoire refait surface puisque Mylene lui lance une sorte de supplication interrogative. La question rhétorique (c'est-à-dire que la réponse se trouve dans la question, ou alors qu'elle est évidente) sous-entend que la chanteuse veut se souvenir de son auditoire, et que son auditoire se souvienne d'elle.
Or, quel est l'auditoire principal de Mylene ?
Eh oui, vous avez compris : NOUS ! (ses fans).
Mylene a en fait du mal à se dire qu'il faudra un jour nous quitter ("prendre congé"). Et le vers qui parle de son sentiment de solitude est ambigu : "Nous ne sommes reliés qu'à nous-mêmes". Si ce "nous" (fans) fait partie de la vie de Mylene, de son âme, de son corps (comme elle fait partie des nôtres ! ) alors ce lien avec "nous-mêmes" représente le lien, si fort, entre la chanteuse et son public. Et c'est le seul lien qui existe et compte vraiment.
Ainsi, l'ange roux demande si, malgré ses doutes, malgré ses failles, malgré son hérésie et son manque de foi en tout, nous nous souviendrons d'elle, et si nous continuerons de partager sa vie, même quand elle ne sera plus là.
"Aux vies qui ont soutenu la mienne" : Une fois de plus, elle s'adresse à ces "vies", qui, comme je viens de le dire, peuvent nous représenter "nous" (les fans, ou tout du moins le public).
"Je n'ai / Qu'un long monologue poudré de neige / A partager" : Le "long monologue" en question peut rappeler tout simplement les chansons de Mylene. En effet, elle chante généralement seule (donc c'est un peu comme des monologues) et ces chansons ne sont pas vraiment heureuses, plutôt mélancoliques... comme un paysage d'hiver, glacial et enneigé (donc impraticable, or on sait combien l'univers de Mylene est parfois impénétrable, mystérieux)... Toutefois, le paradoxe est le suivant : bien que ce soit un monologue (c'est-à-dire qu'elle est seule) et bien que ce soit froid, mélancolique, etc. , elle veut le partager avec nous. Car c'est tout ce qu'elle a.
"Nos vies qui s'écoulent chaque jour saignent" : A nouveau, comme la métaphore des larmes d'aquarelle, Mylene parle du temps qui passe ("nos vies [... ] s'écoulent") mais ce glissement du temps vers la Fin est, pour elle, une souffrance : "nos vies [... ] saignent" (parce qu'elles s'écoulent). Et le terme "s'écoulent" n'est pas choisi au hasard : le sang aussi s'écoule, comme le cours du temps.
"Nous ne sommes reliés qu'à nous-mêmes" : Mylene conclut ce second couplet sur l'idée selon laquelle elle et son public ne sont reliés qu'entre eux.
Néanmoins, le pronom réfléchi "nous-mêmes" suggère ma première idée, c'est-à-dire qu'elle est et qu'on est vraiment seuls. Et cette solitude force Mylene à se questionner : même si nous sommes toujours isolés, reliés à rien ni personne, est-ce qu'on pourra toujours se souvenir d'elle ?
Ma réponse :
Oui.
Aux vies qui s'abaissent à voir la mienne
Aux vies qui s'abaissent à voir la mienne
Je sais
Je sais
Qu'il me faudra prendre congé d'elles
Qu'il me faudra prendre congé d'elles
Un jour ou l'autre
Un jour ou l'autre
Nos vies sont des larmes d'aquarelle
Nos vies sont des larmes d'aquarelle
Nous ne sommes reliés qu'à nous mêmes
Nous ne sommes reliés qu'à nous mêmes
[Refrain]
[Refrain]
Et si je perds la foi
Et si je perds la foi
En nous, en tout
En nous, en tout
C'est bien malgré moi
C'est bien malgré moi
Nulle prière
Nulle prière
A chacun de nos pas
A chacun de nos pas
Je doute de tout
Je doute de tout
Nous souviendrons-nous de nous ?
Nous souviendrons-nous de nous ?
Aux vies qui ont soutenu la mienne
Aux vies qui ont soutenu la mienne
Je n'ai
Je n'ai
Qu'un long monologue poudré de neige
Qu'un long monologue poudré de neige
A partager
A partager
Nos vies qui s'écoulent chaque jour saignent
Nos vies qui s'écoulent chaque jour saignent
Nous ne sommes reliés qu'à nous mêmes
Nous ne sommes reliés qu'à nous mêmes
Vos commentaires
felicitation de Cat ^^