Violence
D'après la légende, leur nom sortirait tout droit d'une belle beuverie. C'est crédible. En tout cas ça fait déjà quelques années (une bonne dizaine pour tout vous dire) que Tagada Jones arpente les scènes de France (et surtout de Bretagne, puisqu'ils sont bretons) et assume son statut de groupe phare du mouvement punk hardcore dans l'hexagone. Non pas qu'être leader du mouvement punk hardcore signifie être leader de grand-chose, mais bon qu'importe : leur son est là, bien présent, fait d'énergie punk et de guitares grasses bien metal, mais aussi d'une voix ultra agressive qui dessert des lyrics qui le sont tout autant. Si votre seule image du punk est celle d'éternels ados rigolos avec des paroles rigolotes et sympathiques (types betteraves, guerilla poubelle), vous risquez d'être peut-être un poil surpris par la maturité et l'engagement des Tagada ? dans l'esprit, on est plus proche des Bérurriers Noirs que de Ludwig Von 88, pour citer des influences old school, par exemple.
En 2007, le groupe nous sortait " the worst of ", album entièrement composé d'outtakes, de fonds de tiroirs, de raretés et autres inédits nous permettant de mieux appréhender leur univers musical. Le titre de l'album est bien entendu ironique, et même, paradoxalement, on est face à du bon, du très très bon son même, parmi les meilleures compos du groupe, dont on se demande pourquoi il a mit autant de temps à nous en faire profiter.
La " worst of " s'ouvre par le morceau Violence, qui constitue indéniablement une très bonne entrée en matière : dès l'intro, la batterie est énorme, les riffs assassins et la voix brouillon à souhait ; pour une fois la présence des paroles en français n'est pas superflue : impossible de comprendre la totalité des paroles rien qu'à l'oreille ? putain c'est beau le punk, quand même !
Bon alors, de quoi ça parle, " violence " ? De violence, ok, mais la violence, c'est (tristement) plutôt large comme sujet, non ? Oui. Ici, le thème, c'est Violence ET Football, parce que, apparemment, et comme semblent le confirmer régulièrement les matchs OM-PSG (juste un exemple au hasard), le football est systématiquement accompagné de violence(s).
Le schéma est classique : le match du samedi (" samedi noir "), " la bière coule à flot ", " la haine monte lentement ", " les matraques sont aux abois ", déjà avant même le début du match, l'ambiance est tendue. A ma connaissance, le football est un des seuls sports où on met autant de soins à séparer les supporters des deux camps, et où on a besoin d'autant de gendarmes... D'ailleurs cette violence extrême est figurée dans le texte par un emploi récurrent (en métaphore filée si vous voulez être pointus) du champ lexical de la guerre (" on croirait le débarquement ", " on croirait l'armée de terre ", " dans le stade c'est la guerre "). Dans le morceau, le groupe pousse le cauchemar à l'extrême et imagine un scénario catastrophe :
" Plein de cadavres à terre
17 morts 300 blessés
Le match est annulé "
Et décrivent l'état dans lequel se retrouvent les supporters devenus assassins :
" Ils regrettent désormais
Des morts sur la balance
Ca pèse dans la conscience "
Ainsi on a le sentiment que c'est 'l'effet match de foot' qui réveille chez ceux qui y assistent un instinct primaire, une sorte de retour à l'état animal, comme si les abru... les supporters étaient victimes d'un blackout et perdaient le contrôle d'eux-même pendant le match. Forcément, dès que les joueurs ne sont plus sur le terrain et qu'ils reviennent à eux avec du sang sur les mains, ils regrettent, c'est inévitable, mais le résultat est là, et la mort est irréversible ?
Le foot rend con, c'est pas nouveau.
Quand on voit ces supporters dans les tribunes, avec leurs drapeaux, leurs peintures et leurs cris de guerre, leur soif de sang apparente et leur fanatisme, une seule comparaison s'impose :
" Hooligan à la con " : " néo-fasciste du football "
Peace, et vive le ping-pong ! (1)
(1) y a de la dédicace dans l'air...
Ce soir sera un samedi noir
Match haine foot et bagarre
Déjà du sang sur le trottoir
Cette masse d'hommes virevoltants
On croirait le débarquement
La haine monte lentement
Oui ces équipes de supporter
On croirait l'armée de terre
Alerte ! Alerte ! Alerte ! Alerte !
Drapeaux insignes et slogans
Cela me rappelle le mauvais temps
Affolement !
Bien avant le coup d'envoi
Les matraques sont aux abois
Et dans le camp des supporters
Elle coule à flot la bière
A peine les joueurs sur le terrain
Le public est assassin
Le service d'ordre est en colère
Dans le stade c'est la guerre
? un mouvement général de panique
Véritable marée humaine dans les tribunes ?
Les joueurs sont au vestiaire
Plein de cadavres à terre
17 morts 300 blessés
Le match est annulé
(x2)
Il y a de la violence il y a de la souffrance
Match de football à la con
VIOLENCE ! VIOLENCE !
Les agitateurs sont arrêtés
Ils regrettent désormais
Des morts sur la balance
Ca pèse dans la conscience
Et même s'ils regrettent
Qu'est ce qu'ils ont l'air bête
Des gens venus pour s'amuser ont fini par crever
(x2)
Hooligan à la con néo-fasciste du football
Reste donc chez toi
Que le sport reste noble
(x2)
Il y a de la violence il y a de la souffrance
Match de football à la con
VIOLENCE ! VIOLENCE !
Vos commentaires
Je vais tester de remplir un peu ce site avec du bon son de chez nous;
bref, the worst of est terrible c'est clair, mais il a un son plus rock et plus gras que les autres, je pense à l'envers du décor ou manipulé, je crois que dans cet album gus est déjà parti non?
putain c'est mon premier message sur ce site mon gars, ça doit être le premier depuis longtemps où il n'y a pas de p'ti gars jaunes qui se prosternent, bidon