Optimistique-moi
Huitième chanson de son album, repris dans son Mylenium tour !
Deux interprétations qui se chevauchent : une chanson à la fois d'amour et de reproche à ses deux parents : une version pour la mère et une pour le père. Les paroles sont nourries d'une certaine ambiguïté : on ne sait si c'est pour les blâmer ou les remercier... Voyons donc de plus près ces deux manières d'aborder cette délicate question... On remarque que Laurent Boutonnat et Mylène Farmer avaient une fascination commune dans le fait que pour eux toute mère est infanticide. C'était pendant la période de "Maman a tort". Le fait est que Mylène parle plus volontiers de son père (décédé en 1986) que de sa mère. Et c'est toujours à son père qu'elle dédie ses premiers clips. De là à trouver dans "Optimistique-moi" des reproches mâtinés d'amour contre sa mère, il n'y a qu'un pas... La chanson clef qui dévoile tout un pan sur l'univers farmerien : le pourquoi de son goût pour l'amour inachevé, perdu, torturé.
"Je me fous de tes détresses [On comprend que c'est sa mère qui parle à sa fille vers la fin de la strophe avec "en somme je suis pathétique" où Mylène redevient le narrateur car il n'y a pas de guillemets devant ces mots et surtout quand elle dit que son père ne se conduisait pas de la même manière, donc ne disait pas ce genre de phrases méprisantes]
Comme de tout et comme du reste" [Sa mère montre un complet désintérêt de la douleur que peut exprimer sa fille. Serait-ce le témoignage d'un événement vécu par Mylène ? Parlerait-elle enfin de sa famille de manière détournée ? ]
C'est ça le temps qui passe [On pourrait reprendre cette phrase de Léo Ferré que Mylène aime particulièrement : "Avec le temps, va tout s'en va". En effet, on a tendance à aimer de moins en moins avec le temps qui passe et qui efface tout inexorablement et sans résignation]
"Je me fous de tes angoisses [Une mère qui en a assez des tourments de sa fille... Message détourné de Mylène pour nous signifier qu'elle a toujours été ainsi, depuis sa petite enfance ? ]
Elles m'ont nourrie mais me lassent" [Confirmation que c'est bien à sa mère qu'elle s'adresse avec le "e" de "nourrie". Sa mère acceptait les tourments de sa fille, mais là, elle semble ne plus les supporter]
C'est ça le temps qui passe [Là encore Mylène semble le comprendre, voire même le tolérer]
"Je fais fi de tes "je t'aime" [Une chose inadmissible de la part d'une mère : elle refuse et ignore les mots d'amour de sa fille... ]
Ils sont des cris qui m'enchaînent" [Elle veut se libérer de sa fille et fais en sorte de s'en désintéresser au maximum. Pour elle, les témoignages d'amour de sa fille ne sont que des cris qui la paralysent alors qu'elle veut passer à autre chose et tourner la page]
C'est ça l'amour [Mylène y voit tout de même une sorte de
Résignation et se dit que même l'amour maternel n'est pas
Le plus durable. D'ailleurs dans c'est ça l'amour, n'entend-on pas c'est sale l'amour ? ]
C'est quoi l'amour ? [A tel point que Mylène ne sait plus ce qu'est le véritable amour car visiblement, que ce soit son père ou sa mère, elle n'en a pas reçu un durable ou normal (je m'explique plus tard là-dessus)]
"Tu ne vis pas c'est morbide" [Sa mère semble ne pas apprécier tous les thèmes romantico-macabres du répertoire de sa fille, surtout qu'elle doit aborder ces thèmes depuis son enfance, ce qui lasse sa mère]
En somme je suis pathétique [Réponse de la fille, comme lors du duo avec Carole Frédéricks de "Maman a tort live" où Mylène s'ingéniait à crier qu'elle ne serait jamais sa fille, quand bien même sa mère serait sa mère... Elle se sent rabaissée aux yeux de sa mère]
C'est ça l'amour
Papa n'était pas comme ça quand... [Elle signifie à sa mère que son père lui l'a véritablement aimée. Mais le fait de dire "n'était pas comme ça", c'est-à-dire, à penser comme sa mère, signifie qu'il le pensait également de son vivant, sauf dans des moments privilégiés avec sa fille, un lourd secret qu'elle va nous livrer dans le refrain et qui est amené par le quand et les points de suspension... ]
Il disait tout bas [Le fait qu'elle utilise l'imparfait témoigne que c'était pendant ces moments privilégiés, mais aussi de son vivant, tout simplement]
"Petit bouton de rose
Aux pétales humides [Jolie appellation pour sa fille, tendre et romantique, mais un peu trop si l'on pense qu'il s'agit surtout d'une partie de l'anatomie intime de sa fille à laquelle il fait allusion... Ce qui devient tout de suite beaucoup plus grave]
Un baiser je dépose" [Les prémisces de quelque chose de plus brutal oublié par le temps et la mémoire. Elle ne se rappelle plus que de ces moments de tendresse trop intimes et qu'elle rend en poésie d'ailleurs]
Optimistique-moi Papa [Elle demande à son père maintenant décédé de la rendre optimiste, plutôt que dans le pessimisme auquel ses agissements l'ont laissée étant petite. En même temps, elle semble continuer à aimer ce père, plus que tout... Cela semble un peu renvoyer au viol consenti du clip de "Plus grandir". Mais le tout dans des termes qui semblent anodins comme dans toutes les chansons à double sens de Mylène. ]
Optimistique-moi quand j'ai froid [Ce froid renvoie à ce manque d'amour qu'elle semble ressentir. Beaucoup de paroles de Mylène s'y sont fait l'écho, de "Ainsi soit je" à "Innamoramento". ]
Je me dis tout bat [Jeu de mot, car on aurait dû lire "tout bas", or là on parle de l'action de battre. En somme, serait-ce une allusion au climat familial qui régnait alors face aux agissements du père et à la non-intervention de sa mère ? Mylène a toujours dit qu'il n'y avait eu aucun événement particulier durant son enfance, serait-ce ici un témoignage qui tendrait à dire le contraire ? ]
Quand rien ne s'interpose [Ce "rien" c'est donc le fait que sa mère ne fasse rien pour empêcher ce qui se passe, ce qui est encore plus grave ou que elle-même n'empêche pas les choses... ]
Qu'aussitôt tes câlins cessent toute ecchymose [Comment ne pas comprendre dans les mots "câlins cessent t... ", soit le mot inceste qui se dessine... Dès que la mère a le dos tourné, aussitôt son père lui montre sa tendresse intime]
Optimistique-moi [Le mot "optimistique" semble donc prendre une tout autre signification]
Optimistique-moi, reviens-moi [Mais dans le manque d'amour où elle est laissée, elle réclame tout de même son père qui lui manque. Un paradoxe de plus. Elle semble davantage pardonner à son père qu'à sa mère qui ne s'est pas interposée durant les faits. On retrouvera ce thème deux ans plus tard à mots couverts dans la chanson Pardonne-moi]
"Tu te fous de mes ténèbres
Comme de tout et comme du reste" [Là c'est sa mère qui trouve que sa fille l'ignore. A moins que ce soit une parole d'outre-tombe de son père qui trouve que sa fille ne la pleure plus]
C'est ça le temps qui passe [Avec le temps, on oublie ceux que l'on a aimés et ceux qui nous ont fait du mal]
"Fais fi des signes du ciel
Seuls les faits sont ton bréviaire" [Reproche de la mère à sa fille, élevée dans la religion catholique et qui ne s'en remet pas à Dieu comme on a pu le découvrir dans ses paroles et dans certains de ses clips. Pour Mylène, seuls la certitude et les faits vérifiés comptent plus que des prières... ]
C'est ça le temps qui passe [De même avec le temps, on a tendance à devenir moins croyant]
Tu dis "Assez des histoires [Elle parle directement à sa mère qui lui reproche de trop ressasser son passé et les mauvais souvenirs de son enfance et cette mère en a assez]
Ton passé est préhistoire" [Phrase reprise du livre le "Choc amoureux" d'Alberoni. Il faut oublier son passé afin qu'il ne nous encombre plus et afin de vivre mieux. Ce passé ne doit plus nous rattraper mais cette mère ne comprend pas que sa fille puisse lui en vouloir avec les années qui séparent les faits évoqués dans le refrain, ce qui est pourtant légitime]
C'est ça l'amour
C'est quoi l'amour ?
Crucifie-moi Ponce Pilate [Là c'est la fille qui parle à sa mère en ces termes forts et douloureux, la voyant comme une traitresse qui la condamne aux pires souffrances comme Ponce-Pilate envoya Jésus à la mort. Ou le contraire, la mère à la fille... Comme pas de guillemets, on peut douter de l'émettrice de cette parole et de la suivante]
Noie-toi dans l'eau écarlate [L'eau écarlate est une métaphore du sang : elle exhorte sa mère (ou sa mère exhorte sa fille) à périr dans son propre sang : elle ne pardonne pas]
L'amour est loin [Pour elle, tout est fini : elle n'aime plus cette mère infanticide qui n'a pas protégé sa fille]
Papa était plus malin quand... " [Même si son père abusait d'elle, au moins il n'était pas aussi hypocrite que sa mère qui voyait, qui savait, mais ne fit rien : Mylène pardonne et aime encore son père malgré ce qui lui a fait sublir au nom de l'amour, plutôt que sa mère qui aurait dû s'interposer. Et ça ça ne se pardonne jamais... En même temps, l'utilisation de l'adjectif malin peut renvoyer aussi au diable... Donc le père était encore pire quand... ]
"Je me fous de tes détresses
Comme de tout et comme du reste... "
C'est ça le temps qui passe
"Je me fous de tes angoisses
Elles m'ont nourrie mais me lassent... "
C'est ça, c'est le temps qui passe
"Je fais fi de tes "je t'aime",
Ils sont des cris qui m'enchaînent... "
C'est ça l'amour
C'est quoi l'amour ?
"Tu ne vis pas, c'est morbide"
En somme, je suis pathétique,
C'est ça l'amour
Papa n'était pas comme ça, quand...
Il disait tout bas :
"Petit bouton de rose,
Aux pétales humides,
Un baiser je dépose"
Optimistique-moi, Papa
Optimistique-moi, quand j'ai froid
Je me dis, tout bat
Quand rien ne s'interpose,
Qu'aussitôt, tes câlins
Cessent toute ecchymose
Optimistique-moi, Papa
Optimistique-moi, reviens-moi...
"Tu te fous de mes ténèbres
Comme de tout, et comme du reste... "
C'est ça, le temps qui passe
"Fais fi des signes du ciel
Seuls les faits, sont ton bréviaire... "
C'est ça le temps qui passe
Tu dis : "assez des histoires
Ton passé est préhistoire... "
C'est ça l'amour
C'est quoi l'amour ?
Crucifie-moi Ponce Pilate
Noie-toi dans l'eau écarlate
L'amour est loin
Papa était plus malin, quand
Il disait tout bas :
"Petit bouton de rose,
Aux pétales humides,
Un baiser je dépose"
Optimistique-moi, Papa
Optimistique-moi, quand j'ai froid
Je me dis, tout bat
Quand rien ne s'interpose,
Qu'aussitôt, tes câlins
Cessent toute ecchymose
Optimistique-moi, Papa
Optimistique-moi, reviens-moi...
Vos commentaires
bref, il faut remarquer un jeu de mots qui en dit long sur les relations entre le personnage de la chanson et son père : "aussitôt tes calins cessent tout ecchymoses". si vous prononcez ces phrase assez vite, vous remarquez ???
tes cal [ins cessent t] oute...
>:-(
Et l'explication est vraiment très très complète ! <3
"L'inceste tout ecchymose" est la phrase moteur bien camouflée, tout s'y développe autour.