Paroles et traduction de la chanson «Le Poinçonneur Des Lilas» par Serge Gainsbourg

J' suis l' poinçonneur des Lilas
Le gars qu'on croise et qu'on n' regarde pas
Y a pas d' soleil sous la terre
Drôle de croisière
Pour tuer l'ennui j'ai dans ma veste
Les extraits du Reader Digest
Et dans c' bouquin y' a écrit
Que des gars s' la coulent douce à Miami
Pendant c' temps que je fais l' zouave
Au fond d' la cave
Parait qu'y' a pas d' sot métier
Moi j' fais des trous dans des billets

J' fais des trous, des p'tits trous encore des p'tits trous
Des p'tits trous, des p'tits trous toujours des p'tits trous
Des trous d' seconde classe
Des trous d' première classe
J' fais des trous, des p'tits trous encore des p'tits
Des p'tits trous, des p'tits trous toujours des p'tits trous

Des petits trous, des petits trous
Des petits trous, des petits trous

J' suis le poinçonneur des Lilas
Pour Invalides changer à Opéra
Je vis au cœur d' la planète
J'ai dans la tête
Un carnaval de confettis
J'en amène jusque dans mon lit
Et sous mon ciel de faïence
Je n' vois briller que les correspondances
Parfois je rêve je divague
Je vois des vagues
Et dans la brume au bout du quai
J' vois un bateau qui vient m' chercher

Pour m' sortir de ce trou où je fais des trous
Des p'tits trous des p'tits trous toujours des p'tits trous
Mais l' bateau se taille
Et j' vois qu' je déraille
Et je reste dans mon trou à faire des p'tits trous
Des p'tits trous, des p'tits trous toujours des p'tits trous

Des petits trous, des petits trous
Des petits trous, des petits trous

J' suis l' poinçonneur des Lilas
Arts et Métiers direct par Levallois
J'en ai marre j'en ai ma claque
De ce cloaque
Je voudrais jouer la fille de l'air
Laisser ma casquette au vestiaire.
Un jour viendra j'en suis sûr
Où j' pourrai m'évader dans la nature
J' partirai sur la grand' route
Et coûte que coûte
Et si pour moi il est plus temps
Je partirai les pieds devant

J' fais des trous des p'tits trous encore des p'tits trous
Des p'tits trous des p'tits trous toujours des p'tits trous
Y a d' quoi d'venir dingue
De quoi prendre un flingue
S' faire un trou un p'tit trou un dernier p'tit trou
Un p'tit trou un p'tit trou un dernier p'tit trou
Et on m' mettra dans un grand trou et j' n'entendrais plus parler d' trous
Plus jamais d' trous de petits trous des petits trous de petits trous

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Cette chanson est le premier succès de Serge Gainsbourg. C'est celle qui l'a révélé au public. Elle est issue de son 1er album.

L'histoire parle d'un poinçonneur de billets, et de son ennui vis-à-vis du travail qu'il fait.
Il passe sa vie sous terre, dans la station "Les lilas" du métro parisien. Il ne voit donc jamais le soleil et les gens ne font même pas attention à lui. Toute la journée, il fait des trous dans les billets des gens (car à l'époque le compostage était manuel).
Il voit passer des centaines de personnes chaque jour. En compostant leurs billets, il amoncelle un tas de confettis à ses pieds. Il fait un parallèle entre le côté festif des confettis ("carnaval de confettis") et le côté ennuyant de son travail.
Parfois il rêve de s'évader, de partir sur un bateau. Il pense même à se suicider. Il en a assez de faire des trous dans les billets. Il pense à se faire un trou dans la tête, et préfère qu'on l'enterre dans un grand trou : sa tombe.

C'est intéressant de noter que la musique est entraînante : elle se pose en paradoxe vis-à-vis des paroles de la chanson, qui sont très noires. Gainsbourg joue d'ailleurs beaucoup sur le côté joyeux et en même temps dramatique de la chanson.