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Paroles de la chanson «San Salvador» par Bernard Lavilliers

Voguant autour des îles de la mer Caraïbe
Les tamtams vaudous firent se lever les vents
Decouvrant des récifs où des corvetes anglaises
Gisaient depuis longtemps dans leurs manteaux de glaise

J'ai oublié le nom de cette île perdue
Où le courant rapide poussa mon bateau noir
J'ai longtemps recherché une terre inconnue
Planquée au fond des eaux de la mer Caraïbe

Si tu vas à San Salvador
Va voir la femme
Qui sait lire dans les yeux du sort
Aussi dans les flammes
Elle te dira des mots très forts
Comme les tambours
Qui dansent sur la terre des morts
Juste avant le jour

Aux lisières des forêts, du côté de Belém
Vivait un déserteur légionnaire français
Il tenait un comptoir, il vendait des F.M.
Des vivres, des camions, des femmes, du napalm

Il vivait là tout seul, bouffé de fièvre par l'Équateur
La confiance n'était pas son fort, tout se payait d'avance
Sa conscience était dans un port, chez une femme, en France
Il vivait comme un tigre traqué, tendu et relax
Ne parlait jamais du passé, même complètement schlass

Si tu vas à San Salvador
Va voir la femme
Qui sait lire dans les yeux du sort
Aussi dans les flammes
Elle te dira des mots très forts
Comme les tambours
Qui dansent sur la terre des morts
Juste avant le jour

Enveloppé de chlorophylle et de soleil
Le sable blanc des grandes îles berce le sommeil
Les secrets planqués dans des cases ont des goûts truqués
La nuit tombe comme un couteau sur un condamné
Je ne dis rien des précédents pour toi qui m'écoutes
Mon aventure est dans le vent et dans les écoutes
Le temps n'éponge pas le sang et la terre noire
Porte le deuil des innocents et pour leur mémoire

Si tu vas à San Salvador
Va voir la femme
Qui sait lire dans les yeux du sort
Aussi dans les flammes

Elle te dira des mots très forts
Comme les tambours
Qui dansent sur la terre des morts
Juste avant le jour

Quand on n'reste pas dans son trou de la vie à la mort
On prend des rides et puis des coups, aussi des remords
Petite fille de Bahia, tournée vers le large
Attends encore une autre fois, je suis dans la marge
Je cherche toujours l'île perdue dans la Caraïbe
Entre la mort et l'inconnu faible comme une cible

Mais si tu vas à San Salvador
Va voir la femme
Qui sait lire dans les yeux du sort
Aussi dans les flammes
Elle te dira des mots très forts
Comme les tambours
Qui dansent sur la terre des morts
Juste avant le jour

 
Publié par 103308 4 5 7 le 2 août 2024 à 6h37.
Le Stephanois
Chanteurs : Bernard Lavilliers
Albums : Le Stephanois

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