Ventelay, 13 septembre 1914
Après les pluies intenses d'hier, un rayon de soleil bienvenue éclaire le talus sur lequel nous bivouaquons.
Dans quelques minutes, nous reprendrons notre marche en avant. Ce matin encore, on pouvait apercevoir les lumières de Reims à l'est, l'Aisne n'est donc maintenant plus très loin.
Nous avons donc fait 100 km en une semaine, à courir derrière un ennemi qui de chasseur est passé à chassé. On avance tellement vite que l'intendance ne suit pas, c'est désormais malheureusement une habitude depuis un mois.
Mais nous déjeunons du ravitaillement abandonné par les allemands dans leur déconfiture. S'il n'est pas d'une grande qualité, ce pain saxon a un goût de victoire qui remonte le moral.
Grâce à lui revigorés et enivrés de l'accueil chaleureux des villageois, nous trouvons l'énergie de continuer après des semaines d'une marche harassante qui ne s'interrompt que pour les combats.
N'ayant pas la robuste constitution des rudes gaillards de mon régiment, je me suis promis de ne m'arrêter que pour faire la sieste sur les bords du Rhin.
Au rythme actuel, nous devrions l'atteindre d'ici une dizaine de jours.
Si la moitié des rumeurs que l'ont entend sur les victoires éclatantes des russes sont vraies, nous serons au rendez-vous.
Mais c'est presque trop beau pour être vrai...
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