Les mĂȘmes pas,
Toujours,
Le long des mĂȘmes baraques et des mĂȘmes barbelĂ©s,
Les mĂȘmes pas qui ne mĂšnent Ă rien,
QuâĂ dâautres pas qui se recommencent,
Qui se recouvrent sans fin,
Sur ce chemin sans terme,
Dans ce pays hors de tout oĂč lâon nous a mis Ă tourner,
Ă tourner,
Tourner en rond.
Nous sommes lĂ quelques centaines de marcheurs en rond.
Presque tous ont pris,
Ont repris une apparence de paysans.
Bonnets,
Cache-nez,
Sabots,
Ces façons affaissées et traßnardes,
Ces pipes mùchonnées au fond des barbes.
Sans bien le savoir,
Nous retrouvons,
Nous rejoignons lâaspect,
La pesanteur,
LâhumilitĂ© de nos pĂšres,
De nos grands-pĂšres,
Des grands-pĂšres de nos grands-pĂšres,
Hommes de labeur et de pauvreté,
Gens de la terre,
Culs-terreux,
Pauvres bougres qui ont fait tant de pas eux aussi,
Qui ont tant tiré leurs sabots,
Qui ont tant cheminé sur leurs chemins de terre,
Tant peinĂ© sur leurs chemins de peineâŠ
Nous marchons par petits groupes,
Par deux,
Par trois ;
Ou seuls.
Cela fait un pauvre clapotis de boue et de voix.
Nous sommes comme ça quelques centaines dâhommes Ă perdre nos pas,
Ă perdre nos mots,
Ă perdre nos vies.
Ă perdre nos pas,
Ă perdre nos mots,
Ă perdre nos vies.
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