Cet enfant couvait dans sa tête, un poète, un grand érudit
Il faisait des vers en cachette, un beau jour, il n'a plus écrit
Ses parents, l'église et le maître, peu à peu, lui ont tout appris
Presque tout, sauf à se connaître, à trouver son bonheur en lui
À vouloir baliser sa route, il découvre de moins en moins
Les chemins qui s'ouvraient sans doute
Dans le creux de ses propres mains
Cet enfant grandira quand même et vivra peur-être très vieux
Mais sans découvrir le poème qui manquait pour qu'il soit heureux
Cet artiste de la tendresse composait des chansons si vraies
Que les gens fredonnaient sans cesse
Puis un jour ils n'ont plus chanté
À l'écran, pour que les gens l'aiment, il avait aussi maquillé
Son talent, son côté bohême, son amour et sa liberté
À vouloir faire entrer son rêve par un tube dans la télé
Il en avait perdu la sève et rompu le charme secret
Le chanteur, bien longtemps encore, chantera sans savoir pourquoi
Le public applaudit moins fort ses jolies chansons d'autrefois
Chacun de nous dans son domaine participe selon son cœur
A la grande aventure humaine, par sa quête vers le bonheur
C'est l'idéal de notre enfance qui nous porte à rêver plus haut
À cultiver nos différences pour bâtir un monde plus beau
Mais si l'on tort et qu'on écrase dans des cases et sur des tableaux
Tous ceux qui gênent ou qui dépassent
Pour qu'ils rentrent dans le troupeau
Suffira-t-il pour être un homme d'accepter que notre destin
Consiste à rentrer dans la norme, à rester sur le droit chemin?...
Le murmure de l'imaginaire recèle aussi notre avenir
Mais si on l'oblige à se taire, que la source vienne à tarir
On verra germer la colère et tous les espoirs dépérir
Des bourgeons que tous ces hivers auront préparés à fleurir
La liberté mûrit sans cesse dans les âmes et dans les esprits
Il faut des siècles de tendresse pour en cueillir un jour le fruit
Mais si l'enfant devient poète, il nous offre déjà celui
Que dans son cœur et dans sa tête, pour toujours il aura cueilli.
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