Paroles de la chanson «C'est Toi» par Syrano

J'ai faim d'un cœur, d'un vide à troquer
J'ai soif d'ailleurs, d'une vie à croquer
Je n'ai pas d'autre envie que de me nourrir
Comme pour mieux t'abreuver de moi

C'est toi, le petit gars de Beauce qui a fait cent fois les cent pas
Qui, devant le miroir, peut sourire et ne rend pas
La cathédrale et ses remparts, seule, connaissait les champs délabrés
Où tu as fait pousser des rêves, où tu nourrissais des projets de trêve à la lueur des candélabres

C'est toi, tout juste descendu de l'arbre des fruits plein les bras
Déclamant des palabres populaires au langage soutenu prêt à rentrer dans le tas
Anachronique et quasi rescapé, prétentieux et modeste
Tondu, pas scalpé, l’oméga du clan des lambdas

C'est toi, l'enfant fragile et solitaire
Qui a longtemps eu pour meilleurs potes des peintures de chevaliers imaginaires
Qui a cru croiser des princesses mais qui attendait une reine
Te sachant un avenir de roi mais gardant ton passé au bout d'une chaîne

C'est toi, l'ado discret, loyal et droit, bourré aux principes
Qui s'émancipe et qui bâtit sa vie avec sa volonté et ses dix doigts
Une seconde nouveau-né, une seconde vieillard, le temps te rattrape
Comme cette rage romantique entre chanson à texte et rap

J'ai faim d'un cœur, d'un vide à troquer
J'ai soif d'ailleurs, d'une vie à croquer
Je n'ai pas d'autre envie que de me nourrir
Comme pour mieux t'abreuver de moi

C'est toi, le garçon sensible qui a grandi au milieu des femmes
Qui se dit que, finalement, être un homme, c'est accepter de verser des larmes
C'est toi qui a fait preuve de force, de courage, qui a droit au repos
Laissons mourir le lien souffrant entre Sylvain et Syrano

C'est toi, mon innocence, mon innocence chérie
J'ai trente années et l'adulte en moi te libère aujourd'hui
Va, cours, chute, chahute jusqu'à la fracture
Je m'occupe de tout le reste, oublie les coups et les factures

Amuse-toi, mon ange, comme si tout était trop court
Comme si on perdait trop à vouloir regagner de l'amour
Et le jour, je te promets, où un autre moi gambade
Nous irons tous les trois, en paix, rattraper tout lors d'une balade

J'ai faim d'un cœur, d'un vide à troquer
J'ai soif d'ailleurs, d'une vie à croquer
Je n'ai pas d'autre envie que de me nourrir
Comme pour mieux t'abreuver de moi