Des tranchées de Vaux jusqu'au tunnel de Tavannes
Une course effrénée, trompe la mort à chaque instant
Deux bornes à défier la faucheuse qui ricane
Bruyamment.
Quittant les boyaux pour sauter dans les cratères
A chaque obus qui tombe, je m'écrase et serre les dents
Priant quelques secondes pour que là il ne m'enterre
En explosant.
Là un rien t'achève,
Ici c'est cours ou crève.
Des tas de cadavres gisent dans les frontières
Qui pourrissent ici depuis on ne sait quand
Le secteur entier est un immense cimetière,
Déchirant.
Les accalmies sont brèves,
Ici c'est cours ou crève.
Soudain, à demi-enterré par les tirs incessants,
L'entrée du tunnel se profile au fond d'un ravin encaissé,
gueule béante de quelque pitoyable chimère.
Manquant de tomber sur la pente crevée par les cratères,
enjambant les cadavres, j'arrive enfin là où s'abrite la misère.
Dans le tunnel de Tavannes
Suspendus hors du temps
Errent des fantômes diaphanes
Inquiétants.
Dans cet abri illusoire
Pilonné par les allemands
On peut à peine se mouvoir
Prudemment.
Et ça sent la sueur et la merde
Ca pue l'éther et le sang
Et autres effluves fétides qui se perdent
(En passant.)
Il y a le toit qui vibre sous les bombardements
Qui peut bien s'écrouler à n'importe quel moment
Mais la misère sous sa voûte s'en fiche maintenant.
Il y a des gars qui crèvent à côté des obus
Des munitions qui traînent dans des caisses suspendues
Au milieu de types qui fument insouciants.
Il y a de l'eau qui ruisselle sur les câbles électriques
Qui tranchent l'obscurité d'une lumière colérique
Et dans ce cloaque je m'écroule inconscient.
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