Le crépuscule tombe sur la Meuse
Et sur cette route tortueuse
La colonne monte en silence.
On croise des silhouettes inhumaines
De gars qui en reviennent
Comme vidés de leur substance.
Sous les étoiles tragédiennes
Des attelages d'artillerie qui peinent
Dans un fracas nous dépassent.
Et le régiment continue
De fatigue et de soif perclus
En ressassant ses angoisses.
L'horizon crépite sous le froid vent du sud
qui Ă©touffe les bruits des combats et accable un peu plus les hommes.
Sur le plateau, l'orage industriel fait luire les nuages sous l'oeil
goguenard de la lune qui nous expose plus qu'elle n'Ă©claire.
On marche toujours dépassant des cuisines roulantes,
dépassés par des camions exténués.
Mais voici le boyau, point de départ du labyrinthe qui vient :
Colonne par un !
155 qui déchirent l'air
Fin du boyau maintenant que faire ?
Le moral des gars déjà s'étiole
On sort les cartes et la boussole
LĂ en avant ! Ce monticule !
Les cris d'acier qui nous stimulent
Course effrénée irréfrénée.
Dans cette immense désolation
Les cadavres en décomposition
Souillent la moindre flaque d'eau
Soudain le ciel s'illumine
Tirs de barrage qui fulminent
On court encore sauver notre peau.
Et dans la lumiĂšre
De l'aube qui s'était levée
Un monceau de pierre
Le fort de Vaux s'est dessiné
Et ce lopin de terre,
Sera notre coin de guerre... maintenant.
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