Villognon , 12 octobre 1915
Ce soir finit ma parenthèse loin du front. Bientôt, le chant du canon relaiera celui du coq en guise de réveil-matin.
Quel bonheur de manger à table, de se laver, de dormir dans un lit, toutes ces choses simples oubliées en première ligne.
Il paraît qu'en ville règnent les embusqués. Ici, dans cette campagne tranquille, on ne les voit pas pointer leur nez.
Mercredi fut pour moi une journée de grande émotion quand j'ai passé quelques heures en classe avec mes anciens élèves. Je pensais raconter un conte pour ces gamins en leur parlant de ma vie dans les tranchées. Mais le guerre est devenue le quotidien de leurs leçons.
Mes voisins accueillent une famille de réfugiés belges. Ces pauvres gens ont fui devant les atrocités des boches et m'ont tout de suite pris en sympathie. Leur fille Marijke m'a demandé de pouvoir être ma marraine de guerre, ce que je me suis empressé d'accepter.
Je vais enfin pouvoir écrire à quelqu'un d'autre qu'à moi-même.
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