"De la ligne bleue des Vosges aux plages de la mer du nord, des fossés béants tranchent la campagne: des galeries, encore des galeries, toujours des galeries...
on creuse plus qu'on ne tire: la pelle remplace le fusil.
à l'intérieur de cette taupiniÚre, on patauge dans les flaques, on dort dans la boue.
Une part de nous reste Ă l'arriĂšre, on se voyait lions, nous voilĂ taupes.
Mais des taupes hébétées, grisées par le vin, abruties par les tirs d'obus, obligées de disputer aux rats la pitance.
Une odeur insoutenable rÚgne ici. Celle des cadavres des copains, tués à quelques mÚtres lors d'une précédente offensive et qu'on doit laisser pourrir là .
Alors on fume pour faire passer l'odeur, on boit pour faire passer la peur et on se rassure en se disant que les boches ne sont pas mieux lotis que nous. "
On passe nos journées,
Ă croupir dans ces trous
Ă se faire bouffer
Par la gale et les poux.
On vit angoissé
l'existence suspendue,
toujours menacée:
Shrapnels - ou balles perdues.
On pense Ă l'arriĂšre,
et à ces embusqués
si loin de la guerre
et de l'enfer des tranchées.
On attend la mort,
ambulants macchabées,
cherchant le réconfort
dans les lettres rédigées.
Ici... on vit comme des taupes
Nous sommes... l'armée des taupes
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