Ma femme, câest ma muse, câest mon roi,
Ăa fait plus de dix ans quâon vit sous le mĂȘme toit.
Elle mâa avouĂ© hier soir quâelle ne croyait plus en moi,
Ăa mâa laissĂ© sans voix.
Chez nous câest elle qui porte la culotte en dentelle,
Elle ne court pas aprĂšs lâargent, elle est certaine de mon talent.
Mais elle a lâimpression que je me dĂ©mĂšne pour ne rĂ©colter que des applaudissements,
Quelques ââJâaimeââ et un succĂšs confidentiel.
La faute Ă qui ? A moi plein dâapathie, qui me repose sur mes acquis,
Observant le monde via un Ă©cran comme si jâĂ©tais banni ?
Moi qui mise petit, qui ai perdu mon appétit,
A ma voix de baryton lambda sortie dâune abbaye ?
Aux maisons de disque trop frileuses, en quĂȘte de tubes de lâĂ©tĂ©,
Au grand public peu curieux qui veut quâon lui donne la becquĂ©e ?
Aux mĂ©dias qui sâĂ©pient les uns les autres sans se mouiller,
Désignant les élus alors apÎtres bien dressés ?
Peu importe, loin de ces chemins balisĂ©s jâai plongĂ© dans des mers agitĂ©es,
En Ă©coutant mon cĆur palpiter, il sâest arrĂȘtĂ©,
Il a fallu que lâon mâenterre pour me ranimer.
Jârenais plein de rĂȘves et de rage, jâpourrais arrĂȘter le rap,
Mais câest un art honorable, une sorte de drogue qui crame,
Qui crĂšve le crĂąne, fait pleurer les braves,
Je ne fais quâexplorer mes failles, sans trĂȘve trĂšs peu le savent,
Jâconverge jour et nuit pour trouver des thĂšmes insolites, des axes inĂ©dits,
Jâai dĂ©jĂ la chance de ne pas ĂȘtre incompris,
De plus en plus de gens me trouvent brillant pourtant je mâassombris,
La prospérité ne fera pas de moi un artiste accompli.
JâĂ©cris pour me rafistoler, pas pour les sous,
Jâsuis devenu fou Ă force dâenregistrer dans des cellules capitonnĂ©es
Jâsuis quand mĂȘme habilitĂ© Ă piloter une foule, apte Ă frissonner câest cool,
Jâpeux pas lâignorer, comme un mec bourrĂ© dans un musĂ©e,
Je fais tomber des nus, perdu dans mon imaginaire jâme dis que jâai rien vĂ©cu,
Quand je balance un clip jâattends le buzz et jâsuis tout lâtemps déçu
Tandis quâaveuglĂ© par leur ambition dâautres achĂštent des vues
Autant dire quâils nâont aucun mĂ©rite, aucune Ă©thique,
Je reste intÚgre et ce depuis la Secte Phonétik.
LâĂ©criture a des vertus introspectives,
Lâacte est solitaire mais la rĂ©flexion collective.
Jâessaie de me renouveler sans renier mes principes,
Jârefuse de quĂ©mander un feat, tout miser sur un beat, ou un clip impudique,
Copier des guimiques, des gestuelles, des mimiques tout en me vantant dâĂȘtre unique.
Ouais, y a tant dâartistes dont jâadmire le travail fantastique,
Ceux qui les imitent sont inodores comme des fleurs en plastique.
Avec leur voix robotisée ils se la jouent cantatrice,
JâprĂ©fĂšre Ă©couter mon fils chouiner qui fait de grands caprices.
Comme un chimiste jâai le sens de la formule,
Si tâas lâesprit Ă©triquĂ© tâas quâĂ augmenter le volume.
Puisque Mozart a fini dans la fosse commune,
Jâsuis quasi convaincu que ma renommĂ©e sera posthume.
Jâvous demande pas de vous apitoyer sur mon sort,
MĂȘme si ma carriĂšre tangue, jâvous amĂšnerai Ă bon port.
Et tant pis si ce soir, jâtouche un cachet dĂ©risoire,
Merci dâĂ©couter mes pâtites histoires, merci dây croire.
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